“Et là, j’ai eu un déclic” : pour en finir avec la rhétorique de l’épiphanie
La question « quand avez-vous eu le déclic ? » est partout. Formule envahissante, on la retrouve dans les interviews des célébrités, dans la vie quotidienne ou encore dans le monde professionnel. Mais à trop vouloir chercher des déclics, ne sommes-nous pas en train de perdre la dimension laborieuse et progressive qui mène à nos décisions et à nos choix existentiels ?
Dans le vocabulaire photographique, un déclic est un petit mécanisme, résultat d’une action manuelle, qui détermine le fonctionnement ou l’arrêt d’un appareil. Lorsqu’on l’applique à nos propres vies, il prend le sens d’un déclencheur intérieur – tout aussi soudain – capable à lui seul de transformer pour toujours notre manière de voir les choses.
Parmi les déclics récents les plus répandus, il y a celui de l’épidémie de Covid, qui a conduit de nombreuses personnes à partir vivre à la campagne. Mais il existe d’autres genres de déclics : celui du chef d’entreprise qui change totalement sa manière de diriger à la suite d’un événement marquant ; ceux, plus personnels, liés aux relations amoureuses (se rendre compte tout à coup, après une dispute, que son partenaire est « toxique », que l’on adopte soi-même des comportements nocifs ou que l’on répète des schémas destructeurs) ; ou encore, les déclics qui touchent la vie sexuelle via la découverte fortuite d’une pratique qui révolutionne les rapports intimes.
Tous ces instants clefs sont racontés comme des points de bascule de l’existence : des moments uniques qui viennent reconfigurer nos vies. A priori donc, un déclic n’arrive pas tous les quatre matins. Par son envergure et sa puissance transformatrice, cet événement exceptionnel correspond à ce que le philosophe Vladimir Jankélévitch appelle « un hapax existentiel » : à savoir, une occasion sans « précédent, ni réédition », qui « ne s’annonce pas par des signes précurseurs » (Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 1980).
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