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Le livre du jour

“Durer”, de Pierre Caye

Frédéric Manzini publié le 25 novembre 2020 3 min

Le concept philosophique dont l’écologie a besoin ?

On pourrait appliquer à l’avenir de la planète ce que Clémenceau disait de la guerre : que c’est une chose trop grave ou trop sérieuse pour la confier aux seuls écologistes, industriels et politiciens. Mais quel peut être l’apport des philosophes face à cet enjeu dont presque tout le monde s’accorde pour reconnaître l’importance, et pour lequel rien n’est fait, ou si peu ? 

Avec son ambitieux essai Durer. Éléments pour la transformation du système productif (Les Belles Lettres), Pierre Caye entend fournir des outils intellectuels et sémantiques qui permettront de comprendre les ressorts de notre système productif et d’aider à le réorienter. Pour que le projet d’un « développement durable » ne reste pas qu’un slogan ou un vœu pieux, il propose de repenser notre économie dans une perspective élargie, à partir de la notion de durée, et même au service de la durée. 

Il s’agit donc ici de repenser le capital comme un patrimoine à transmettre, repenser le travail humain dans sa complémentarité avec les machines, repenser la technique elle-même non comme exploitation violente mais comme aménagement de la nature.

Un autre système que le système productiviste

Notre modèle de société a-t-il un avenir ? Le livre de Pierre Caye ne fait pas dans la collapsologie et ne joue pas à nous faire peur. Il invite plutôt à réfléchir à nos pratiques et, nourri de culture philosophique, il élargit nos perspectives. Celui qu’on connaît surtout pour ses travaux sur Vitruve et l’architecture classique s’était déjà attaqué au « système productif » occidental dans Critique de la destruction créatrice. Production et humanisme (Les Belles Lettres, 2015). Caye y montrait l’impasse où se fourvoie l’idéologie d’une croissance productive indéfinie, oubliant de considérer les déchets qu’elle engendre et niant même le principe de finitude (la nôtre et celle de la Terre). Avec son dernier livre Durer, c’est l’ensemble de notre économie que Caye interroge, non dans le but de colmater quelques brèches ou d’améliorer l’existant, mais pour adopter un nouveau paradigme et changer notre manière d’être au monde. 

Donner un sens précis à l’idée de « développement durable »

Que signifie concrètement, c’est-à-dire réellement, le concept d’un « développement durable » ? Et quel contenu implique-t-il effectivement ? Pierre Caye envisage un monde où les biens se transmettent plus qu’il ne se consomment, et pour lequel on sortirait de la myopie du temps court pour intégrer la durée, ou plutôt pour la « construire » puisque cette durée n’est ni innée ni donnée. Il s’agit, aussi, d’articuler de nouvelles vertus à cette nouvelle temporalité, comme, par exemple, celle de « tempérance », cette vertu cardinale un peu oubliée dont Pierre Caye rappelle en citant le savant romain Varron qu’elle dérive de la notion de tempus, le « temps » en latin. 

Repenser le capital, le travail et la technique

Commençons donc par revoir notre façon de concevoir ces facteurs de production que sont le capital, le travail, et la technique. Le capital ? À ce concept économique, on gagne à substituer celui, juridique, de « patrimoine », parce qu’il intègre l’idée d’une transmission et d’un héritage, et nous permet donc de changer d’approche. Le travail ? Plutôt que d’imaginer sa fin, on peut le repenser comme une « maintenance » à laquelle il faut redonner toute sa noblesse. Quant à la technique, Pierre Caye renvoie dos à dos technophiles et technophobes et, au lieu de l’entendre comme exploitation de la nature, va trouver chez le néoplatonicien byzantin Proclus une compréhension de la technique comme limite et lutte contre l’entropie.

Habiter autrement notre monde

Intégrer cette perspective de durée, cela signifie donc soigner et entretenir nos infrastructures, renforcer nos statuts, ne plus fonder les statistiques comptables sur les flux mais sur la valeur (durable) des biens, construire et valoriser un patrimoine à valoriser. Cette réflexion sur le sens des mots devra se traduire dans les actes, bien sûr ; mais n’est-ce pas toujours par les mots que commence la sagesse ?

 

Durer. Éléments pour la transformation du système productif, de Pierre Caye est paru aux Belles Lettres. Vous pouvez vous le procurer ici.

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