Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Photo d'illustration. ©iStockphoto

Biotechnologie

Des feuilles artificielles pour sauver la planète ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 16 février 2022 4 min

La forêt amazonienne rétrécit à vue d’œil, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître… Et si, pour lutter contre la crise climatique et faire à nouveau respirer la planète, la solution venait de feuilles… artificielles ?

Une équipe de l’université de l’Illinois a récemment mis au point un modèle ultra-performant de telles feuilles créées en laboratoire, qui pourraient aider à décarboner l’atmosphère tout en produisant de l’énergie ! Le dispositif biomimétique s’inspire du miracle que représente l’apparition des feuilles et de leur capacité de photosynthèse au cours de l’évolution. Éclairage.

 

« La plante entière s’identifie dans la feuille, dont les autres organes sont juste des appendices. C’est la feuille qui produit la plante »
Sergio Stefano Tonzig, biologiste

 

La feuille est, du point de vue de l’évolution, un véritable miracle : elle constitue, comme le dit le philosophe Emanuele Coccia dans La Vie des plantes (Rivages, 2016), « le laboratoire climatique par excellence, la cornue qui fabrique et libère dans l’espace l’oxygène ». Sans la feuille, pas d’atmosphère. La feuille est la condition sine qua non de l’arrachement de la vie à la mer, le fondement « cosmologique » d’une vie terrestre. Elle est « l’élément qui rend possibles la vie, la présence et le mélange d’une variété infinie de sujets, corps, histoires et existences mondaines. […] C’est sur les feuilles que repose non seulement la vie de l’individu auquel elles appartiennent, mais aussi la vie du royaume dont elles sont l’expression la plus typique, voire toute la biosphère. »

C’est par la feuille, d’abord, que l’énergie du rayonnement solaire est capturée et finalement redistribuées dans les innombrables courants de la vie, selon les chemins tracés par les chaînes alimentaires. Comme le disait le biologiste Sergio Stefano Tonzig, que cite Coccia : « Le monde entier des vivants, que ce soient les plantes ou les animaux, est soutenu et est rigidement conditionné par l’énergie que les plastes arrachent au soleil pour construire les liens qui maintiennent ensemble la molécule de glucose. La vie sur terre – celle, autonome, du monde végétal non moins que celle, parasitaire, du monde animal – est donc rendue possible par l’existence et par la capacité opératoire des plastes chlorophylliens. » Et Coccia d’ajouter : « les petits limbes verts qui peuplent la planète et capturent l’énergie du soleil sont le tissu connectif cosmique qui permet, depuis des millions d’années, aux vies les plus disparates de s’entrecroiser et de se mélanger sans se fondre réciproquement l’une dans l’autre. »

“L’origine de notre monde, ce sont les feuilles : fragiles, vulnérables et pourtant capables de revenir et revivre après avoir traversé la mauvaise saison”
Emanuele Coccia

 

Le végétal, en ce sens, n’est pas un élément contenu dans le monde, il est l’étoffe même du monde vivant. « L’origine de notre monde, ce sont les feuilles : fragiles, vulnérables et pourtant capables de revenir et revivre après avoir traversé la mauvaise saison. » Et cette origine « n’est pas dans un événement, infiniment distant dans le temps et l’espace, à des millions d’années-lumière de nous – elle ne se trouve pas plus dans un espace dont nous n’avons plus aucune trace. Elle est ici, maintenant », dans un mouvement de respiration sans cesse renouvelé.

 

Feuilles d’artifice ?

Pourquoi ne pas s’inspirer de cette puissance aussi considérable que disséminé pour inventer de nouvelles techniques de purification de l’atmosphère ? C’est ce qu’envisage l’équipe de l’université de l’Illinois qui a récemment mis au point un prototype de feuille artificielle imitant le processus de photosynthèse non tant pour produire de l’oxygène que pour supprimer du CO2 de l’atmosphère – et, incidemment, produire de l’énergie sous forme d’hydrogène. Les projets de photosynthèses artificielles ne sont pas, il est vrai, totalement nouveaux. Dès 2007, une équipe de l’université de Kyoto, au Japon, avait déjà mis au point une feuille artificielle absorbant le dioxyde de carbone 300 fois plus efficacement que les feuilles « naturelles ». Celle-ci avait rapidement été supplantée par le modèle Nocera inventé par Daniel Nocera, chercheur au MIT. La feuille de l’université de l’Illinois se caractérise, de son côté, par des rendements – le ratio entre l’énergie solaire captée et l’énergie stockée – inédits. Elle pourrait capturer, à terme, 3,3 millimoles de CO2 par heure pour chaque 4 centimètres carrés de matériau.

 

Sans doute ces feuilles artificielles ne constituent-elles pas une solution miracle. Mais elles ont au moins deux vertus : 1. Elles combinent captation de CO2 et production d’énergie, ce qui invite à penser ensemble ces deux aspects de la question écologique. 2. Elles rompent avec le modèle des grandes installations centralisées – qu’il s’agisse de la captation du CO2 ou de la production d’énergie – et ouvrent la voie à une logique beaucoup plus disséminée. Sans doute n’est-ce pas un bien en soi, mais ce changement de logique ouvrira, à n’en pas douter, de nouvelles pistes.

Expresso : les parcours interactifs
Popper et la science
Avec Popper, apprenez à distinguer théorie scientifique et pseudo-sciences, pour mieux débusquer les charlatans et (enfin) clouer le bec à ce beau-frère complotiste !
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Entretien
7 min
Emanuele Coccia : une vie à la frontière
Octave Larmagnac-Matheron 27 mai 2022

Sans les plantes, pas de captation de l’énergie solaire, pas de libération d’oxygène, pas de mélange, pas de diversité minérale, pas de vie…

Emanuele Coccia : une vie à la frontière

Article
1 min
Le Prix des Rencontres philosophiques de Monaco récompense Emanuele Coccia pour “La Vie des plantes”
11 juin 2017

Le Prix des Rencontres philosophiques de Monaco a été décerné le 8 juin 2017 au philosophe italien Emanuele Coccia.


Article
8 min
Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”
Octave Larmagnac-Matheron 26 mars 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les virus envahissent les corps mais aussi les esprits. Mais que sont-ils vraiment ? Pour le…

Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”

Article
4 min
Riccardo Ciavolella-Emanuele Coccia : penser l’ici depuis l’ailleurs
Martin Duru 28 novembre 2023

Besoin d’évasion en cette fin d’année ? Alors que l’anthropologue Riccardo Ciavolella nous invite à nous rendre dans les lieux les plus…

Riccardo Ciavolella-Emanuele Coccia : penser l’ici depuis l’ailleurs

Bac philo
2 min
Le vivant
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

Le vivant n’est pas la matière, qui peut être inanimée ou mécanisée (le vivant se distingue alors de l’inerte ou de l’artificiel), ni l’existence qui suppose la conscience : le vivant n’est pas le vécu. Le vivant, c’est l’ensemble des…


Article
4 min
Hedwig Conrad-Martius, “L’Âme des plantes”
Hedwig Conrad-Martius 17 novembre 2020

À l’heure du « tournant végétal » de la philosophie, la référence à Hedwig Conrad-Martius reste oubliée. Elle fut pourtant, dès 1934, l…

Hedwig Conrad-Martius, “L’Âme des plantes”

Le fil
1 min
Emanuele Coccia : à l’origine du monde ? Les plantes !
27 mai 2022

Les plantes ne sont pas là juste pour faire joli. En captant l’énergie du soleil, elles la mettent à la disposition de tous les animaux. En libérant de l…

Emanuele Coccia : une vie à la frontière

Le fil
9 min
La carte carbone individuelle, enfin une bonne idée pour sauver la planète ?
Charles Perragin 27 mars 2023

L’idée est simple : donner à chacun le droit de consommer un certain quota de CO2 chaque année. Imaginé dans les années 1990 au Royaume-Uni, ce dispositif…

La carte carbone individuelle, enfin une bonne idée pour sauver la planète ?

À Lire aussi
Emanuele Coccia réhabilite la maison
Emanuele Coccia réhabilite la maison
Par Octave Larmagnac-Matheron
novembre 2021
Aux racines 
de la démocratie végétale
Par Octave Larmagnac-Matheron
Christopher Gill : les cercles vertueux d’une éthique contemporaine
Par Octave Larmagnac-Matheron
février 2023
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Des feuilles artificielles pour sauver la planète ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse