Cinéma

Catherine Breillat : « le plaisir ne m’intéresse pas »

Juliette Cerf publié le 4 min

Avec Une vieille maîtresse, adapté du roman de Barbey d’Aurevilly et présenté au festival de Cannes, l’auteur de Romance aborde à nouveau les rives de la passion charnelle, mais en costumes d’époque cette fois. Romantique, la cinéaste et romancière expose sa conception de l’art, de la transgression et de l’amour.

Paris, en 1835. Le jeune dandy Ryno de Marigny (Fu’ad Aït Aattou) s’apprête à épouser la belle et chaste Hermangarde (Roxane Mesquida). Les cancans vont bon train : la liaison de Ryno, vieille de dix ans, avec une Espagnole, la Vellini (Asia Argento), risque de faire échouer son mariage. Ryno se confesse alors à la grand-mère de sa fiancée, l’indulgente marquise de Flers (Claude Sarraute). Il lui raconte comment il a connu l’impétueuse jeune femme et comment il l’a quittée. Parviendra-t-il toutefois à se détacher de cette relation passionnelle, après son mariage ?

 

Transgression

Je souhaitais depuis très longtemps adapter Une vieille maîtresse de Jules Barbey d’Aurevilly, un livre que j’adore. Je suis dandy et, si j’avais vécu au XIXe siècle, j’aurais aimé être Barbey d’Aurevilly. Dans ce film, je me suis projetée dans le personnage de Ryno de Marigny. Ryno représente Barbey jeune, alors que le vicomte de Prony, interprété par Michaël Lonsdale, c’est Barbey vieux. Prony dit que si Monsieur de Marigny devient ministre, il aura sa gloire à être impopulaire, qu’il n’y a personne pour jeter le gant à l’opinion comme lui. La gloire est toujours impopulaire. Sans opprobre, l’art n’est que conformisme. Toutefois, j’ai eu le sentiment d’être arrivée à la fin d’un parcours : par rapport à mes précédents films, celui-ci est une transgression moirée, non fracassante.
En le faisant, sans aucune scène choquante, donc susceptible de passer à 20 h 30 sur France 3, je ne me suis pourtant en rien reniée. J’avais envie de dépasser les a priori, de surprendre tout le monde. Mon producteur dit toujours que si tous les gens horrifiés par mes films les avaient réellement vus, nous serions milliardaires !

Expresso : les parcours interactifs
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