Calogero. Moderato Cantabile
« À chaque fois que je bloque sur quelqu’un ou quelque chose, j’ai du mal à rester en surface, je creuse », précise Calogero. Et creuser, faire carrière, c’est ce que le chanteur-compositeur fait depuis trente-trois ans dans le paysage de la chanson française populaire. Dont vingt ans sous ce pseudo et 6 millions d’albums vendus. Celui qu’on appelle « Calo » confesse avoir « tout fait », « même au-delà », pour être ce qu’il est devenu et que c’est un « miracle magnifique » de « pouvoir faire ce métier ». Pour son huitième album, Centre Ville (Polydor), il a collaboré avec Benjamin Biolay, parolier des chansons Centre Ville et de Mauvais Perdant. Encore une façon de creuser son sillon.
De quoi n’as-tu pas encore accouché ?
D’une rencontre évidente avec un metteur en scène, comme Claude Lelouch, sur la musique de son dernier film. Ce jour-là, ce sera le début de quelque chose.
La rencontre déterminante ?
Paul École. C’est rare qu’un compositeur trouve son parolier idéal. Paul et moi, c’est ça. Mais si je regarde dans le rétro, ma plus belle rencontre, c’est Paris. À 18 ans, elle m’a fait renaître. Fini Grenoble !
Le lieu qui se rapproche le plus de la cité idéale ?
Rome. J’aime les lieux européens, l’Italie, l’Espagne, Londres. Tu me dis : « Allons dans le désert », je flippe total. Je suis quelqu’un du centre-ville. Pour moi, c’est le bar-tabac et l’épicier, ça me rassure.
Les penseurs qui t’accompagnent ?
Je suis passionné d’histoire, alors Clemenceau et Jaurès. Sinon je pense souvent à cette phrase de Schopenhauer : « La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui. »
Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?
« Reste toi-même. » Difficile car il faut s’aimer soi-même. Moi ça m’a beaucoup aidé, car je n’avais pas confiance en moi, du coup, je le dis à mes enfants.
Que retiens-tu de ton éducation ?
La tolérance envers la jeunesse. Les potes étaient tout le temps chez nous. Mes parents nous faisaient des spaghettis. J’ai gardé ça.
Tes héros, enfant ?
Depeche Mode ! C’était plus que de la musique, de l’ordre de l’identification, de l’ouverture des possibles. Ils ont changé ma vie. Et maître Funakoshi, l’inventeur du karaté moderne.
De quoi t’accuse-t-on ?
De faire de l’eau tiède et d’avoir le cul entre deux chaises, ni assez variété ni assez rock. Mais ce côté modéré, c’est ma qualité, mon ADN. J’ai autant écouté Dalida que Radiohead.
Pour toi, l’inspiration c’est…
Confier à la musique mes expériences et découvertes pour que je puisse en rendre compte.
La question que tu aimes poser aux gens ?
« De quoi as-tu envie aujourd’hui ? »
La question qui te tourmente ?
« Où est-ce qu’on va ? »
La chose la plus grotesque que tu aies faite par amour ?
Avoir mis mon plus beau pull, et elle ne m’a même pas regardé !
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