Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Marie Francois Xavier Bichat (1771-1802). Gravure d’A. Coupe d’après Choquet. © wellcomecollection.org/CC BY 4.0

Jalons

Bichat : à la vie, à la mort

Frédéric Manzini publié le 13 novembre 2021 3 min

Marie François Xavier Bichat est né il y a tout juste 250 ans. Le nom de ce médecin et anatomiste né en 1771 est connu car il a notamment été attribué à l’un des plus grands hôpitaux parisiens. Mais qui était Bichat, et quel est son apport philosophique dans l’histoire de la médecine ? Présentation.

 

Même si Bichat a publié d’autres ouvrages et notamment des traités d’anatomie, l’histoire n’a retenu de lui qu’un livre publié en 1800, intitulé Recherches physiologiques sur la vie et la mort. Il y défend une conception qu’on peut qualifier de « vitaliste » : contrairement au « mécanisme » d’inspiration cartésienne, il considère qu’il existe chez les êtres vivants une certaine force, originale et irréductible aux lois physico-chimiques de la matière brute et inorganique : la vie.

L’un des pères du “vitalisme”

Qu’est-ce que la vie ? Question redoutable, qui nous renvoie tantôt à des truismes de dictionnaires (« La vie, c’est la propriété des êtres vivants »), tantôt à l’inventaire des propriétés qui ne disent rien de ce qui en fait l’essence (« Est vivant ce qui bouge, grandit, etc. »). C’est pourtant sans hésitation que Bichat avance sa propre définition dès le début de son ouvrage : « La vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort. » Tout être vivant possède une sorte d’équilibre interne sans cesse menacé de l’extérieur, tout en étant doté d’un principe de réaction.

Ce principe varie notamment avec l’âge. Ainsi, pour Bichat, « il y a une surabondance de vie dans l’enfant, parce que la réaction surpasse l’action » tandis que « la réaction du principe interne diminue chez le vieillard, l’action des corps extérieurs restant la même ; alors la vie languit et s’avance insensiblement vers son terme naturel, qui arrive lorsque toute proportion cesse. »

“Bichat a relativisé le concept de mort”

Mais en quoi cette manière de concevoir la vie est-elle révolutionnaire ? Michel Foucault l’explicite dans son étude Naissance de la clinique (1963). Pour Foucault, la définition de Bichat a permis de repenser le rapport à la mort. La mort était habituellement conçue soit comme un pur néant, soit comme un événement extérieur à la vie et étrangère à elle ; dans les deux cas, vie et mort s’excluaient réciproquement, à la manière du jour et de la nuit.

La nouveauté de la conception de Bichat consiste à penser la vie, la mort et la maladie ensemble, comme un tout indissociable et conflictuel : « La vie, la maladie et la mort constituent maintenant une trinité technique et conceptuelle, écrit Foucault. La vieille continuité des hantises millénaires qui plaçaient dans la vie la menace de la maladie, et dans la maladie la présence approchée de la mort est rompue : à sa place, une figure triangulaire s’articule, dont le sommet supérieur est défini par la mort. »

Alors que la mort était vue comme une étape surgissant après la vie, autrement dit venant lui succéder en lui mettant un terme, Bichat lui donne une place dans le cours ordinaire de l’existence, où elle est installée depuis la naissance. Vivre consiste à résister à la mort, à lutter en permanence, contre cet élément constamment présent et menaçant qu’est la mort. Comme l’écrit un peu plus loin Foucault, « Bichat a relativisé le concept de mort, le faisant déchoir de cet absolu où il apparaissait comme un événement insécable, décisif et irrécupérable : il l’a volatilisé et réparti dans la vie. »

Une révolution dans l’histoire de la médecine

L’idée que la mort soit ainsi « répartie dans la vie » a également introduit une véritable révolution dans le regard anatomique et clinique porté sur les malades. Pour Foucault en effet, la théorie de Bichat n’a pas seulement rendu plus ténue la frontière entre la vie et la mort, elle a aussi permis d’objectiver la mort, d’en faire un objet d’étude bien visible, une réalité qui se prête à l’observation dans le fonctionnement « normal » du corps. « La mort restait dans le dos du médecin, la grande menace sombre où s’abolissaient son savoir et son habileté, explique-t-il ; elle était le risque non seulement de la vie et de la maladie mais du savoir qui les interrogeait. Avec Bichat, le regard médical pivote sur lui-même et demande à la mort compte de la vie et de la maladie. »

Ce faisant, non seulement Bichat a-t-il libéré la médecine de la peur de la mort, mais il a en outre poussé les chirurgiens à en regarder de près les manifestations, à l’étudier pour mieux comprendre le fonctionnement de la vie elle-même. D’où cette autre formule de Bichat, moins célèbre que sa définition de la vie, mais qui a également marqué l’histoire de la médecine : « Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper. »

Pour aller plus loin : le métabolisme, au fait, qu’est-ce que c’est ?
Expresso : les parcours interactifs
Aimer sa moitié avec le Banquet
On dit parfois que la personne aimée est « notre moitié », celui ou celle qui nous complète. L'expression pourrait trouver son origine dans le mythe des androgynes, raconté dans le Banquet de Platon ! Découvrez ce récit fascinant.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Bac philo
2 min
Le vivant
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

Le vivant n’est pas la matière, qui peut être inanimée ou mécanisée (le vivant se distingue alors de l’inerte ou de l’artificiel), ni l’existence qui suppose la conscience : le vivant n’est pas le vécu. Le vivant, c’est l’ensemble des…


Article
4 min
Trentième anniversaire de la mort de Michel Foucault
24 juin 2014

Michel Foucault est mort il y a trente ans, le 25 juin 1984. Ce trentième anniversaire est l'occasion de parcourir à nouveau l'oeuvre abondante du…

Trentième anniversaire de la mort de Michel Foucault

Bac philo
3 min
La science
18 mai 2022

Opposée à l’opinion, voire à la sensation, la science désigne toute connaissance rationnelle obtenue par démonstration ou par observation et vérification. Suivant qu’elle précède l’expérience ou qu’elle parte d’elle, sa démarche est…


Article
18 min
Le voyage des morts
Baptiste Morizot 25 octobre 2012

Chercheur en philosophie passionné de biologie et de médecine, auteur d’une thèse sur le hasard, Baptiste Morizot a suivi pendant plusieurs semaines le travail des services de transplantation d’organes des Hospices civils de Lyon. Il en…


Article
5 min
Valentina Antoniol : “Foucault se sert de la guerre comme d’un cadre d’analyse de la société”
Victorine de Oliveira 14 février 2024

C’est un pan moins exploré de l’œuvre de Foucault et néanmoins central : sa pensée de la guerre. Alors que la conflictualité occupe à nouveau le champ médiatique, nous avons interrogé la jeune chercheuse italienne Valentina…


Article
3 min
Foucault et l’hétérotopie des boîtes de nuit
Dominik Erhard 03 juillet 2021

Foule en sueur, promiscuité des corps et décibels à fond dans les oreilles, d’un point de vue virologique, les clubs sont un désastre. Raison pour…

Foucault et l’hétérotopie des boîtes de nuit

Article
3 min
La médecine sous haute surveillance
Cédric Enjalbert 24 septembre 2015

Le 3 octobre 2015, les médecins se mettront en grève illimitée pour protester, entre autres, contre la centralisation des données de santé…

La médecine sous haute surveillance

Bac philo
2 min
Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?
14 mai 2013

Spontanément, la réponse est : il semble évident que l'on peut connaître scientifiquement le vivant, c'est même l'affaire d'une science dite « dure », la biologie.


À Lire aussi
La nature
Par Nicolas Tenaillon
mai 2022
Thérapie de choc ou médecine douce ?
Thérapie de choc ou médecine douce ?
Par Alexandre Lacroix
octobre 2022
Michel Serres et le Grand Récit
Par Martin Legros
juillet 2023
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Bichat : à la vie, à la mort
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse