Arcimboldo, une force de la nature
L’œuvre du peintre milanais est à la fois célèbre et mal connue. Peut-on voir un lien entre ses portraits allégoriques et la conception foisonnante de la nature du présocratique Empédocle ? Le spécialiste de l’Antiquité Jean Bollack tente ce rapprochement.
Chez Arcimboldo (1527-1593), les figures du feu, de l’eau, de la terre et de l’air forment, avec le cycle des saisons, le centre de l’œuvre. Peut-être ont-elles été empruntées à la physique d’Aristote, la plus officiellement étudiée ; mais pour Aristote lui-même déjà, comme sans doute pour le peintre du xvie siècle, le véritable auteur de cette organisation du monde était Empédocle d’Agrigente, un philosophe pythagoricien du V e siècle avant J.-C., mage et savant, qui écrivait en vers. D’après la légende, il mourut en se jetant dans le cratère de l’Etna. C’était un « naturaliste » dans toutes les acceptions du mot. Dans un poème réservé aux initiés de son école, il embrasse le monde entier et toutes ses formes, des astres et du soleil jusqu’aux coquillages et aux vers de terre. Six puissances se partagent ce foisonnement, l’Amour et la Haine, le principe d’union et de désunion, mais aussi l’Air et le Feu, l’Eau et la Terre, qui ne sont pas seulement une base matérielle, mais agissent comme des puissances autonomes, investies d’une souveraineté quasi politique. Chez Arcimboldo, l’emblème allégorique, l’illustration, est d’abord au service de la morale et de la règle de vie. Mais elle prend également en charge une réflexion sur l’art de la reproduction, et, au-delà, sur le jaillissement même des choses.
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