Vladimir Jankélévitch. Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi
Une recension de Frédéric Manzini, publié leAussi curieux que cela paraisse, il n’existait jusqu’ici aucune biographie consacrée à Vladimir Jankélévitch (1903-1985). Et qui mieux que Françoise Schwab pouvait combler cette lacune ? Historienne, ancienne élève, puis amie proche du philosophe, elle s’attelle depuis des années à l’édition de ses œuvres posthumes. C’est donc à la faveur de la complicité nouée avec lui qu’elle brosse le portrait d’un homme merveilleusement attachant. Celui aussi d’un esprit libre, d’une exigence et d’une intégrité jamais démenties tout au long d’une vie qui a croisé l’histoire. Issu d’une famille de Juifs russes exilés dans le Berry, Jankélévitch est nourri de valeurs humanistes, notamment grâce à son père Samuel, traducteur entre autres de Freud et de Hegel, qui représente pour son fils « le type même de l’intellectuel russe de culture européenne ». Le jeune Vladimir dévore les auteurs russes – en particulier Tolstoï et Chestov – mais aussi allemands – dont Schelling – et français, au point de se lier d’amitié avec Bergson, à qui il voue une admiration qui ne tarde pas à être réciproque. À Prague, à Lyon, à Toulouse et ailleurs, nous suivons Jankélévitch jusqu’au drame de la Seconde Guerre mondiale dont il ne se remettra jamais, non seulement comme juif mais comme homme. De surcroît, la période de l’après-guerre inaugure pour lui une « traversée du désert » sur le plan de la reconnaissance académique, au moment où ses confrères succombent au « charme des penseurs d’outre-Rhin » et sacrifient aux modes. Même s’il « n’a pas fondé d’école ni de système », il n’en a pas moins développé une œuvre originale grâce à des publications variées et tout en nuances qui forment ensemble à la fois « une morale, une métaphysique et une esthétique ». Reste aussi le souvenir d’un enseignant qui excelle à l’oral, dont la voix enjouée résonne encore à l’oreille de ceux qui l’ont écoutée comme la musique faite de ces jeux de couleurs et d’ombres qu’il appréciait tant chez ses compositeurs préférés.
Vladimir Jankélévitch est né le 31 août 1903 à Bourges. De parents russes – son père, médecin, fut également l’un des premiers traducteurs de Freud en langue française –, il intègre l’École normale supérieure en 1922. Reçu premier à l…
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