Visite dans l'Hadès
Une recension de Michel Eltchaninoff, publié le« Je viens du lieu où j’étais en fait destiné à mourir, à être assassiné et transformé en déchet », note Günther Anders dans un fragment de ce journal. En 1966, le penseur de la catastrophe écologique, élève de Husserl et de Heidegger, premier mari d’Arendt, revient en ce lieu. Il vient confronter Hiroshima, son grand sujet de réflexion, à Auschwitz, la catastrophe qui lui est contemporaine. Mais il part aussi à la recherche de son enfance. Il parcourt la Pologne vers Breslau (Wrocław), sa ville natale. Et tous les épisodes de son errance dans cette « gigantesque fosse commune » réactivent la question : « Pourquoi y ai-je échappé ? » Sa voiture est dépannée par « des hommes qui, à l’époque, [l’]auraient chassé, abattu ou gazé ». Quant à Breslau, la ville a été totalement reconstruite. Les Juifs qui l’habitaient ont été assassinés. Y a-t-il quelque chose à retrouver ? C’est là que le carnet de route se fait vertigineuse méditation métaphysique : que se passe-t-il quand même la mort disparaît ? En effet, là, des millions de personnes ont été tuées, mais pas enterrées. « C’est bien pire que si tu avais vu des cadavres », insiste Anders, car ces non-morts ne peuvent pas être considérés comme des sujets. Quand la mort est niée, la maison natale est introuvable : « on ne reverra rien du tout ». La douleur n’est pas salvatrice. L’émotion n’a pas le droit de pointer. Finalement, « pourquoi quelque chose qui n’existe pas doit-il porter un nom » ? Anders comprend que son pèlerinage le plonge dans le non-existant, fil conducteur de ces notes. On peut les lire comme un dialogue avec Heidegger, sa pensée de l’être et de l’enracinement. Selon Anders le nomade, c’est le non-existant qui hante le monde contemporain. Mais il développe cette idée dans une écriture qui ne jargonne jamais et qui témoigne d’un profond amour du réel.
La rencontre était potentiellement explosive. Bien qu’animés par une curiosité mutuelle, le psychanalyste qui écrit des vies au conditionnel et le philosophe en quête du réel avaient tout pour s’affronter. Promesse tenue, avec panache……
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