Une fatalité de bonheur
Une recension de Catherine Portevin, publié le« A noir, E blanc… » Les voyelles de Rimbaud ont fourni à Philippe Forest la vibration de son abécédaire. Risquant avec brio, et non sans malice, le « grand péril en puissance » (Yves Bonnefoy) que représente cet exercice parfois un peu facile, l’écrivain s’est choisi un guide puissant : Rimbaud, donc, lui a inspiré au hasard (comme un oracle auquel on croit sans y croire) les vingt-six mots (d’Alphabet à Zanzibar) qui font son matériau et se tissent bientôt en archipel de sens. Une pensée forte et souple s’y déploie, sur l’écriture, sur les suspectes déplorations du nihilisme, sur la modernité de Rimbaud contre le romantisme… Les illuminations et l’enfer rimbaldiens s’associent à ceux de Forest, puisés tant à sa vie qu’à la littérature et à la philosophie qui l’habitent (Bataille et Kierkegaard au premier rang) pour s’arranger en autoportrait. Sa première lettre serait plutôt le D de Deuil (entré tôt dans son existence lorsqu’il a perdu sa petite fille), qui est aussi le D de Désir et qui rejoint, autre lettre primordiale, le C de Curiosité. C’est ainsi que résonnent les mots du poète : « tous les êtres ont une fatalité de bonheur ».
L’extrait de Georges Bataille « Celui qui s’assied confortablement, qui oublie au maximum ce qui est pour écrire au hasard sur le papier blanc les folies les plus vives qui lui passent dans la tête, peut n’aboutir à rien sur le plan de la…
Son goût pour l’érotisme et sa fascination pour le sacrifice le classent parmi les penseurs sulfureux. Mais Georges Bataille est bien plus pour le…
Sollicité pour nous présenter une œuvre d’art évocatrice de la liberté, l’écrivain Philippe Forest a choisi “Porte-fenêtre à Collioure” (1914) de Henri Matisse. Il se glisse ainsi dans les pas de Louis Aragon, qui avait lui aussi été…
La perte, d’un enfant ou d’un amour, est au cœur des œuvres de Philippe Forest et de Vincent Delecroix. C’est que, comprend-on à travers leur beau dialogue, deuil et littérature ont en commun de déceler dans l’absence l’éclat même du…
Philippe Forest a été récompensé mardi 7 juin 2016 par le prix Goncourt de la biographie pour son ouvrage consacré à “Aragon”, dont il éclaire le “mentir vrai”.
Voici Napoléon Bonaparte tombé dans un puits de littérature. L’écrivain Philippe Forest se livre avec Napoléon. La fin et le commencement (Gallimard, 2020)…
Reprise ici en intégralité, la préface à Madame Edwarda – qui sera insérée en tant que chapitre final dans L’Érotisme – n’est pas à proprement parler…
Madame Edwarda est l’un des récits pornographiques les plus fameux de Bataille. Cette œuvre, très courte, est rédigée en 1941 et paraît sous le pseudonyme de Pierre Angélique (Bataille signera d’autres textes sous des noms d’emprunt comme Lord Auch,…