Un été avec Jankélévitch
Une recension de Jean-Marie Durand, publié lePenseur du temps, des vertus et de l’amour, de la musique, de l’engagement et de l’histoire… Si Jankélévitch fut tout cela à la fois, comme le suggère Cynthia Fleury dans un éloge dense et précis de son œuvre, il fut beaucoup plus encore : un philosophe dont la voix éclatante et habitée, souvent entendue dans les postes de radio durant les années 1970, exprimait une forme contagieuse de générosité et de vitalité. En l’écoutant ou en le lisant, chacun pouvait mesurer que l’activité philosophique consiste à « parler de choses évanescentes qui sont plus fragiles que la flamme d’une allumette », comme il le confiait sur France Culture en 1972. Lectrice attentive, séduite par ses textes sur le courage – vertu cardinale de son éthique – ou sur l’énergie vitale – héritage direct de Bergson –, mais aussi sur l’irrévocable, le « primultime », soit l’irréversibilité de l’instant, la nostalgie, le plaisir, le malentendu ou encore sur Debussy, Ravel ou Fauré… Cynthia Fleury réussit en peu de mots à saisir la charmante puissance du philosophe, dont l’œuvre fut traversée par la réflexion sur les trois expériences du temps : l’aventure (ce qui se fond dans le temps et ne se ressent nullement), l’ennui (le sentiment de la durée) et le sérieux, soit « ce qui relie l’homme à son obligation de résistance, à son impossibilité de ne pas se confronter au réel, à son refus de fuir sa responsabilité, mais sans grandiloquence ». Être simplement au monde, présent, actif, prêt à faire ce que l’on a à faire, en essayant de ne jamais manquer l’« unique matinée de printemps » : loin de toute posture sophistique, Jankélévitch fut cette voix aspirée par l’émerveillement des éclairs et des commencements, dont Cynthia Fleury traduit la beauté avec sérieux et sans grandiloquence, restituant fidèlement tout ce que nous avons encore à apprendre de lui.
Avec le Traité des vertus, où il soutient que l’action morale véritable est celle qui surmonte l’égoïsme, mue par une intention pure et l’amour d’autrui, Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien est l’un des ouvrages les plus fameux de Jankélévitch…
Vladimir Jankélévitch est né le 31 août 1903 à Bourges. De parents russes – son père, médecin, fut également l’un des premiers traducteurs de Freud en langue française –, il intègre l’École normale supérieure en 1922. Reçu premier à l…
« Il n’est rien de si précieux que ce temps de notre vie, cette matinée infinitésimale, cette fine pointe imperceptible dans le firmament de l’éternité, ce minuscule printemps qui ne sera qu’une fois, et puis jamais plus » (Le Je-ne-sais-quoi…
Lucien Jerphagnon évoque le souvenir de son maître Vladimir Jankélévitch, dont l’œuvre vient d’être rééditée.
Bruno Abraham-Kremer reprend La Vie est une géniale improvisation, sa bouleversante interprétation de la correspondance du philosophe et…
Contrairement à ce que son nom l’indique, « revivre » ce n’est pas vivre deux fois la même chose. L’expérience nous le prouvera sûrement…
Reboire des coups en terrasse, retourner au théâtre, rouvrir les cinémas, regoûter aux plaisirs simples de la vie sociale… Ce petit « re » signifie…