Sur la pensée passive de Descartes
Une recension de Mathilde Lequin, publié le1. Le corps pense
Contrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas seulement chez Descartes l’âme qui pense d’un côté et les choses matérielles de l’autre : il y a aussi mon propre corps, où bruisse une « pensée passive » fondée sur la sensation. La chose pensante est aussi et avant tout une chose « sentante ». C’est avec cette clef que Jean-Luc Marion relit la sixième des Méditations métaphysiques, où la démonstration de l’existence des choses extérieures en passe, selon lui, par l’épreuve de la passivité de la pensée. Sans « se sentir ressentir », impossible de penser les corps qui ne sont pas miens : il y a au cœur de la métaphysique cartésienne un appel à la certitude de la chair, à une vérité de la pure sensation ressentie et donc indubitable.
2. Descartes précurseur
« D’où vient à Descartes l’avance qui l’a rendu si longtemps incompris et solitaire ? » Incompris par ses contemporains, le philosophe aura aussi essuyé les critiques de la phénoménologie du XXe siècle, dénonçant dans l’ego cogito un sujet emmuré en lui-même et coupé du monde. Pourtant, le concept de « chair » inventé par Husserl se découvrirait déjà dans la distinction entre le « corps mien » et les « autres corps » : ce corps auquel je suis, dit Descartes, « tellement confondu et mêlé que je compose comme un seul tout avec lui », Marion l’identifie à « la chair [qui] s’expose au monde par une passivité affectée » chez Husserl – quitte, se désoleront certains, à « phénoménologiser » à outrance la pensée du maître.
3. Vivre sans philosopher
Cette nouvelle figure de l’ego, qui pense passivement selon la chair, exprime l’union de l’âme et du corps. Irréductible à un mixte des deux substances, cette union est à repenser à partir d’elle-même, c’est-à-dire à partir de l’expérience et de la vie, puisqu’elle est ce « que chacun éprouve toujours en soi-même sans philosopher ». Entre les lignes s’esquisserait donc une sortie de la philosophie, où se révèle un autre Descartes, sensuel et rêveur : « notre pensée erre nonchalamment, sans s’appliquer à rien de soi-même », note-t-il dans les Passions de l’âme. Un art de « ne penser à rien, même à soi-même et pourtant [de] s’éprouver alors purement comme uni à soi » à travers lequel Marion affirme, avec cet ouvrage, en finir avec Descartes.
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