Réinventer l’amour
Une recension de Victorine de Oliveira, publié leIl y a quelque chose de vicié au royaume de l’hétérosexualité depuis que le féminisme existe. Pour une femme, se mettre en couple avec un homme revient-il nécessairement à coucher avec l’oppresseur ? Ou est-il possible d’inventer de nouvelles modalités de l’amour qui s’affranchiraient du poids de la domination masculine ? C’est le problème que tente de résoudre Mona Chollet dans son nouvel essai. Elle le reconnaît : avoir clamé haut et fort l’indépendance des femmes dans Sorcières (Zones, 2018) la dispose mal à invoquer désormais son aspiration à l’amour pour un membre du sexe opposé. Mais comme ce n’est pas la seule femme à vivre douloureusement ce paradoxe, autant se retrousser les manches et s’y coller. Chollet résume l’arnaque en quelques lignes : « La perversité de nos sociétés est de nous bombarder d’injonctions à l’hétérosexualité tout en éduquant et en socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu’ils soient incapables de s’entendre. » Problème : « Des partenaires qui se conforment à la lettre à leurs scripts de genre respectifs ont toutes les chances de se rendre très malheureux. » Ces scripts fabriquent, d’un côté, des bulldozers qui vivent dans l’illusion de leur autonomie parfaite, tout en reposant sur le travail gratuit de leur compagne, et, de l’autre, de frêles créatures affectivement dépendantes et sujettes à des sautes d’humeur incompréhensibles. Rompre le cou à ces caricatures tout en maintenant la possibilité du couple hétérosexuel suppose de marcher sur une ligne de crête. Car tout parle contre lui : nous évoluons dans un univers où la domination des hommes est sans cesse érotisée, ce qui implique que les femmes « trop » (bien habillées, grandes, visibles, bavardes, intelligentes, créatives, etc.) sont immédiatement exclues du marché de l’amour. Tomber sur un homme que ce too much ne castre pas symboliquement relève du miracle. De même qu’échapper aux violences, symboliques ou réelles, au sein du couple : loin d’être une anomalie, selon Chollet, les violences conjugales sont au contraire la suite logique des jeux de rôle pratiqués sous la chape de plomb du patriarcat. La conclusion logique ne serait-elle pas pour les femmes de suivre les pas de Monique Wittig et de Virginie Despentes en faisant le choix politique du lesbianisme ? C’est une option possible, mais pas celle de Chollet. La réinvention qu’elle espère passe par l’éducation féministe de tant et tant d’hommes, pour la plupart pas franchement enthousiastes, que la trentenaire célibataire hétéro-cis qui écrit ces lignes se demande honnêtement : « À quoi bon ? »
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