Manifeste incertain 9. Avec Pessoa

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Après Walter Benjamin, Emily Dickinson et Marina Tsvetaeva, c’est Fernando Pessoa que Frédéric Pajak convoque pour son tout dernier Manifeste incertain. Il y a un mystère Pessoa (littéralement « personne » en portugais). Lui qui s’était inventé des dizaines d’hétéronymes (entre 50 et 80 selon les spécialistes), soit bien plus que des pseudonymes mais des personnalités à part entière avec leur œuvre propre, se montrait incapable de nouer tout lien avec autrui et de faire preuve de la moindre empathie. Folie ? À le lire, la cohabitation de toutes ces personnalités a parfois pu être difficile : c’est qu’entre Ricardo Reis l’épicurien antirépublicain, Álvaro de Campos l’extraverti (tout le contraire de Pessoa) ou encore Alberto Caeiro, l’hétéronyme auteur du recueil Le Gardeur de troupeau, seule une « tendance, organique et constante, à la dépersonnalisation et à la simulation » semble faire lien. Ou une certaine forme de désespoir auquel les dessins de Pajak font écho. À la vie du poète portugais, le dessinateur mêle ses propres souvenirs pour finir, en janvier 2020, dans un restaurant lisboète où l’inévitable saudade s’empare de lui. De cette mélancolie mêlée de regrets, on peut gager que la suite de l’année ne l’a pas débarrassé. 

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