Lumières de Pointe-Noire
Une recension de Pierre Péju, publié leLa littérature, à travers images et récits, produit des blocs de pensée au contact desquels notre réflexion acquiert nuances et complexité. Soit deux questions : qu’est-ce qu’une identité ? Et comment un individu « devient-il » ce qu’il est, au gré des espaces, pays, cultures, langues et croyances traversés ?
Lumières de Pointe-Noire est une « recherche de l’espace perdu », la quête d’identité d’un être humain d’origine africaine, enfant en République du Congo, parti à 22 ans à Paris, écrivain reconnu (prix Renaudot), puis full professor à l’UCLA en Californie, qui parcourt la planète et ne revient au pays natal qu’après un quart de siècle. Quel usage un tel « individu transnational » peut-il faire de ses racines ? Et donc, pourquoi « revenir » sur ce qui subsiste de ce qu’on a été, sur l’enfantin originel et ses perceptions obscures, non pas figées mais toujours mouvantes ?
Le livre s’ouvre sur la légende de la « vieille dans la lune » aux pouvoirs magiques que Mabanckou enfant guettait anxieusement avec ses copains. Le pied à peine posé sur le sol africain, mythes, traditions et superstitions s’emparent de la sensibilité de celui qui, ne pouvant plus « vraiment » y croire, y croit pourtant encore. « J’ai grandi, écrit-il, mais la croyance demeure intacte, protégée par une révérence réfractaire à la tentation de la Raison. » Car « ce qu’on devient » est subtil, complexe, délicat. La raison seule ne peut en rendre compte. À la table du banquet d’accueil, il voit deux chaises vides : celles de sa mère et de son père adoptif, tous deux décédés. C’est dans l’épaisseur sensuelle de l’écriture, au cœur de l’étrangeté, qu’une identité se dessine. Loin des clichés idéologiques produits par les ex-colonisateurs, ou par les ex-colonisés eux-mêmes. « L’homme africain n’est pas entré dans l’Histoire », a osé dire un président français. Mabanckou nous montre que ceux avec qui il renoue sont pleinement au cœur du monde globalisé qu’il partage avec eux. Une telle démonstration requiert l’art du dialogue, le sens du récit, la description des odeurs, saveurs, chaleur, voix, ambiances : bref, un style.
Parfait exemple de ce qu’un manifeste signé par Mabanckou, Le Clézio, Ben Jelloun, etc., appelait la « littérature-monde ».
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