Les employés
Une recension de Catherine Portevin, publié leNous sommes à Berlin, juste avant la crise économique d’octobre 1929. Siegfried Kracauer, journaliste, sociologue, philosophe, « intellectuel nomade », achève une formidable enquête dans une contrée sociale encore inexplorée : celle des employés, petite classe moyenne en voie de prolétarisation qui peuple les bureaux, banques et commerces de Berlin (Les Employés, Les Belles Lettres, 13 €). Ils sont jeunes, un peu diplômés, ils voulaient un travail « facile et propre ». Kracauer, avec une ironie obstinée, décrit au contraire les caractéristiques de l’esclavage moderne dans ces entreprises saisies – déjà – par la « rationalisation de la production » : fonctions fragmentées, salariés interchangeables, mécanisation des tâches. Déjà, les recruteurs chassent les rides et cheveux gris, cherchent des secrétaires « au teint moralement rose ». À 40 ans, un employé est « économiquement mort ». La jeunesse et la beauté sont les nouvelles idoles des masses. Les dits esclaves consentent sans révolte, persuadés « de mener une existence bourgeoise, alors qu’en réalité [ils] n’ont plus rien de bourgeois ». On a inventé pour eux de quoi endormir leur ambition : l’industrie des loisirs, cinéma, magazines people, sport, week-ends à la campagne, tubes à la mode et romans à l’eau de rose. Berlin a des palais pour cela, gigantesques maisons de jeux et plaisirs en stuc exotiques. Des « asiles pour sans-abri », dit Kracauer. Le 10 mai 1933, Les Employés sera détruit comme séditieux dans les autodafés du IIIe Reich.
En 2012, toujours la crise économique, la paupérisation des classes moyennes, les magazines people, la consommation de loisirs, le chômage massif des seniors, les jeunes stagiaires interchangeables… et des employés « au teint moralement rose ».
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