L'Ecriture de l'histoire
Une recension de François Dosse, publié leHistorien et jésuite, spécialiste du XVIIe siècle, Michel de Certeau (1925-1986) est une figure singulière de l’histoire intellectuelle du XXe siècle. En exhumant les sources originelles de la Compagnie jésuite avec la réalisation du Mémorial de Pierre Favre et la publication, en 1966, de la Correspondance de Jean-Joseph Surin, de Certeau se confronte à l’impossible résurrection du passé. Sa quête érudite et minutieuse le conduit sur des rivages qui lui donnent le sentiment de s’éloigner chaque fois davantage de son sujet, et de ressentir l’absence et l’altérité du passé. Dans cet ouvrage fondamental qu’est L’Écriture de l’histoire, publié en 1975, Michel de Certeau définit ce qu’il appelle l’« opération historiographique » comme un entre-deux situé entre le langage d’hier et celui, contemporain, de l’historien.
De Certeau saisit la découverte de l’autre, de l’altérité comme constitutive du genre historique et donc de l’identité de l’historien, de son métier. Cette distance temporelle est source de projection. L’implication de la subjectivité historienne invite à ne pas se contenter de restituer le passé tel qu’il fut, mais à le reconstruire, à le reconfigurer à sa manière à partir de cet écart irrémédiable entre présent et passé. L’opération historiographique ne consiste ni à projeter sur le passé nos visions et notre langage présents, ni à se contenter d’une simple cumulation érudite. C’est à cette contradiction que l’historien est confronté. C’est cette tension même qui engendre le manque, mais qui met aussi en mouvement la connaissance historique. C’est dans la mesure où ces chrétiens du XVIIe siècle lui deviennent étrangers, résistant à la compréhension, que de Certeau se métamorphose de l’érudit qu’il était en historien de métier.
L’histoire n’est pas réductible à un simple jeu de miroir entre un auteur et sa masse documentaire, mais s’appuie sur toute une série d’opérateurs propres à cet espace de l’entre-deux, jamais vraiment stabilisé, et qui oblige à une interrogation sur le « faire » de l’histoire. L’opération historiographique, selon lui, se déploie sous trois formes imbriquées : comme restitution d’un lieu social marqué par l’institution historique. Comme technique, configurant un espace de pensée et à ce titre relevant d’un faire, d’une pratique scientifique. Enfin, comme une écriture, ce qui implique d’être attentif aux règles narratives, sans pour autant s’enfermer dans la seule dimension langagière.
L’écriture ? « Nous aurions pu nous en passer », affirme, provocatrice, la philologue italienne Silvia Ferrara. Si elle n’est dictée ni par la…
Il avait survécu aux camps de la mort et à l’oppression communiste. Affaibli par la maladie, le prix Nobel de littérature hongrois Imre Kertész…
Les écoliers américains n’ont plus besoin d’écrire au stylo, le clavier d’ordinateur remplace tout. Si l’on en croit Merleau-Ponty, cela ne…
La romancière Annie Ernaux, lauréate du prix Nobel de littérature 2022, raconte sa découverte de Jean-Paul Sartre (qui avait refusé cette récompense en 1964).
Samedi soir, on quitte 2020 (quelques heures) pour embarquer dans la machine à remonter le temps – celle qui est située en face du canapé. Arte diffuse L…
« Compte tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits. » Ce message adressé aux auteurs par…
La série Les Anneaux de pouvoir reprend un thème cher à Tolkien, à travers le groupe des « Piévelus » : le contact avec la nature. Dans notre…
Le désir, le corps, le temps… La romancière, lauréate du prix Nobel de littérature, nous a accordé un entretien exceptionnel sur ces trois thèmes…