L’Échappée belle. L’art de s’évader un peu chaque jour
Une recension de Jean-Marie Durand, publié leComment réinjecter l’esprit d’aventure dans la routine existentielle ? Comment défaire les contraintes de nos modes de vie de plus en plus programmés et de nos interactions de plus en plus automatisées ? Comment faire place à la surprise, à l’émerveillement qui nous manquent souvent au quotidien ? En accueillant peut-être déjà l’imprévu, ce que Rémy Oudghiri nomme « l’échappée belle » dans son nouvel essai succédant à une autre réflexion sur les marcheurs solitaires. Échapper au système des normes asphyxiantes invite à se nourrir des situations imprévues, à changer nos plans, à se laisser déséquilibrer par des « microfugues », sur le modèle des explorations psycho-géographiques pratiquées par les situationnistes dans les années 1950-1960 à travers leurs « dérives » urbaines. Ces microfugues sont ces intermèdes qui donnent provisoirement le sentiment d’échapper au temps et à l’espace ; ils reconfigurent le regard sur le monde, intensifient les sensations du corps par-delà même l’érotisme de la chair. Comme dans l’amour – mot qui n’apparaît jamais dans le livre mais qui le hante de bout en bout tel un motif fantomatique –, il faut apprendre à se laisser bousculer par l’imprévu, voire à aller vers lui. Apprendre à s’ajuster aux contre-temps de la vie quotidienne comme autant d’occasions de vivre d’autres expériences de soi et du monde. Apprendre à saisir la poésie au coin de la rue qui, comme le disait Jorge Luis Borges, « peut nous sauter dessus n’importe quand » – exactement comme l’amour. C’est dans cette imbrication de deux gestes corporels et spirituels que Rémy Oudghiri fait de l’échappée belle un art de la fugue : il n’est rien d’autre qu’un savoir empirique habité par l’attachement aux brèches qui changent la vie et donnent envie d’aimer.
S’absorber dans le monde pour faire le vide ? Voilà le secret : autour de nous, la beauté de la nature est une invitation quotidienne au…
Il est des grandeurs discrètes, dont on ne prend la mesure qu’après coup. Quand j’avais 4 ou 5 ans, j’ai assisté à une scène qui me parut extrêmement…
Et si une journée ne trouvait son accomplissement qu’en accueillant le temps nocturne ? C’est que la nuit, rappelle le philosophe Karl Jaspers, nous appartient : elle nous confronte ainsi à l’énigme de notre être.
Est-il possible d’écrire l’histoire immédiate sans trahir ses acteurs ? Telle est la question que pose la diffusion dans les médias d’enregistrements de l’ex-président Sarkozy, réalisés par son conseiller.
Chantal Melior a affrété une nef “des idiots et des fous”, au Théâtre du Soleil. Sur cette même scène, elle adapte le récit de Wilfred Thesiger, …
Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1910, Tolstoï, alors âgé de 82 ans, prend la fuite. Il rêve d'une autre vie, loin de sa femme, de sa famille, de son domaine…
Sauve qui peut. En Russie, depuis que Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation (partielle) des citoyens, des centaines de milliers de Russes se font la…
Albertine, jeune fille en fleurs au corps multiple et au « mauvais genre », est un « être de fuite ». À cette créature ondoyante accordée au flux et au reflux du temps, seule la plénitude de la jouissance ménage…