Le snobisme

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Le terrain était glissant : comment faire une philosophie du snobisme sans faire de la philosophie un snobisme et d’un studio de radio le dernier salon de madame Verdurin ? Adèle Van Reeth et Raphaël Enthoven, en bon proustiens, s’y sont risqués, trop malins pour s’exclure eux-mêmes du travers : l’une tient le fil, amène Le Rire de Bergson, les habiles de Pascal et le bon goût selon Hume, l’autre mise sur le charme d’une pensée qui ne cesse de jouer avec les pièges du sujet, feignant d’y tomber pour mieux s’en échapper et s’y précipiter ainsi à pieds joints. Ainsi est le snob, tapi en chacun de nous, qui prend ses opinions pour des vérités tout en sachant qu’il dit n’importe quoi : ridicule, tragique, vain, conservateur, conformiste à force de distinction (ne pas manquer la bibliographie snob en fin de volume). Bref, le snobisme ici est comme le sparadrap du capitaine Haddock dans L’Affaire Tournesol qui vient recoller aux doigts quand on croit l’avoir expédié sur le chapeau de la dame chic d’à côté. Un petit livre délicieusement agaçant.

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