Le jour où mon robot m'aimera. Vers l'empathie artificielle
Une recension de Cédric Enjalbert, publié leSerge Tisseron n’a rien d’un prophète, d'un voyant ou d’un auteur de science fiction. C'est en psychiatre qu’il prédit, dans un futur proche, que « tous les objets seront devenus des “robjets”, à la fois robots et objets, et bénéficiant d’une connexion généralisée permanente. » N’aurions-nous d’ailleurs pas déjà franchi le seuil de cette nouvelle ère ? Sans doute. Il est d’autant plus urgent d’y penser sérieusement. Serge Tisseron l’a bien compris, qui fait paraître Le jour où mon robot m’aimera.
Dans ce dernier opus, le psychanalyste commence par analyser les rapports émotionnels paradoxaux que nous entretenons aux objets, et plus particulièrement aux objets dits intelligents pour imaginer la relation que nous établirons avec les robots. Il s’appuie sur trois « références » pour penser cette relation: notre rapport à nos semblables, à l’homme ; notre rapport aux objets ; notre rapport aux images, pensant au fond que les robots convieront un peu tout cela à la fois: ils seront objets intelligents, avec des traits humains et supports d’images multiples, pour lesquels nous manifesteront une «empathie artificielle».
Pour apprivoiser ce nouvel hybride, l’auteur définit une catégorie intermédiaire que pourrait occuper bien le « robjet » entre, d’une part, les humains et les animaux (doués de sensibilité) et, de l’autre, les objets meubles, sans aucune autonomie. Or une relation « reconnue et ritualisée » aux objets demeure aujourd’hui « un véritable impensé » en Occident. À nos risques et périls.
« En réalité, ce n’est pas les robots qui nous feraient peur, c’est notre désir pour eux »
Que faire ? Mêlant constats et prédictions, arguments psychologiques et anecdotes techno-scientifiques, trop peu étayées parfois, jouant de la prospective ou usant par endroits de l’argument de la pente glissante, Serge Tisseron creuse des brèches dans l’horizon, pose des hypothèses qui sont autant de paris sur l’avenir. L’argumentation présente des grands écarts : elle met en garde contre un futur qui pourrait ne pas être tandis qu’elle appelle à la vigilance envers des réalités qui paraissent déjà bien établies. « L’intelligence artificielle apparaîtra, n’en doutons pas, et cela quelles que soient les inquiétudes qu’elle suscite, parce que ces inquiétudes sont inséparables de la fascination qu’elle exerce » écrit-il par exemple. Mais l’intelligence artificielle n’est-elle apparue depuis bien longtemps?
Malgré ces réserves, l’essai conserve deux atouts : il ne cède jamais à la crainte réactionnaire tout en identifiant une menace, à savoir que les hommes pourraient préférer « toujours plus les illusions programmées avec des machines aux relations difficiles avec leurs semblables ». Serge Tisseron retrouve ici son crédo.
Le psychanalyste met le doigt enfin sur un danger véritable, qui n’est donc pas dans la machine, mais bien ancré en nous, dans notre esprit, et que nous serions bien avisés d’identifier : « En réalité, ce n’est pas les robots qui nous feraient peur, c’est notre désir pour eux. Pour vivre en paix avec les robots, nous devons accepter l’idée que l’être humain a toujours désiré que ses objets deviennent autonomes, et qu’il l’a toujours craint tout autant. » À mettre au clair et en lumière ces désirs, le psychanalyste s’y attache.
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