Le Corps du cinéma : Hypnoses, émotions, animalités
Une recension de Juliette Cerf, publié le« Il marche silencieusement (il n’aime guère parler tout de suite du film qu’il vient de voir), un peu engourdi, engoncé, frileux, bref, ensommeillé. […] C’est évident, il sort d’une hypnose. » Ainsi Roland Barthes décrivait-il le corps du spectateur quittant la salle de cinéma. Ainsi serez-vous sans doute après avoir vu À l’aventure, le film de Jean-Claude Brisseau, qui fait la part belle au phénomène de l’hypnose. N’hésitez pas à vous plonger dans la lecture du nouvel essai du critique et théoricien Raymond Bellour, qui compare aussi le septième art à cet « état énigmatique, intermédiaire entre la veille, le rêve et le sommeil ». Ce livre passionnant, publié par les éditions P.O.L., s’intitule Le Corps du cinéma. Hypnoses, émotions, animalités. Nourri de très nombreux films, classiques et modernes, l’ouvrage invente une pensée du cinéma qui est avant tout une pensée du corps, dans laquelle le corps du spectateur se trouve intimement engagé. D’où cette audacieuse construction en cascade qui part de l’hypnose, traverse l’émotion, pour atteindre l’animalité. Au cinéma, comme en philosophie, l’animal est une « figure élective » qui électrise la pensée, « une pierre de touche de la pensée de l’humain ou de l’inhumain ». Les oiseaux de Hitchcock, le chien d’Umberto D. de De Sica, le requin blanc des Dents de la mer de Spielberg, la mouche de Cronenberg, l’œil de l’âne Balthazar de Bresson, « où passe en l’animal le frisson métaphysique attaché à la créature humaine »… Au cinéma, bien plus qu’ailleurs, « l’homme se rêve animal pour se comprendre humain ».
Psychanalyste, il est à l’origine du retour de l’hypnose en France. Son dernier essai fait remonter l’origine de la transe à Socrate (“Le Secret de Socrate pour changer la vie”, Odile Jacob).
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