Le contrat de défiance

Une recension de Juliette Cerf, publié le

En guise d’introduction, une histoire juive. Un père demande à son fils de sauter par la fenêtre. Devant l’hésitation de son rejeton, il lance : « Tu n’as pas confiance en ton propre père ? » L’enfant se décide alors à sauter. Remontrances paternelles : « Tu ne dois avoir confiance en personne, même pas en ton propre père ! » Comment faire confiance alors ? Et « si nous ne pouvons pas compter les uns sur les autres, comment bâtir une société digne de ce nom ? » interroge Michela Marzano. Selon elle, le fameux contrat de confiance, slogan à succès, serait plutôt un contrat de défiance : si la confiance régnait vraiment, nul besoin de recourir à la voie contractuelle. Regrettant que cette notion intéresse davantage les sociologues et les économistes que les philosophes, l’auteur cherche à en proposer une lecture morale, à travers de nombreux exemples : « La confiance est une trace d’humanité. » Conséquence : « Son résultat n’est jamais garanti. » 

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