Le Bien dans les choses

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Quoi de plus laid que des tranches de jambon gigantesques étalées sur les couloirs de métro ? « Loin d’être un élément étranger et parasitaire qui aurait envahi nos villes », la publicité relève pour Emanuele Coccia d’une forme de morale et de rapport au monde qu’il est grand temps d’interroger, non de diaboliser. Aristote condamne les choses à ne rester qu’un moyen en vue du bien suprême, le bonheur. Marx dénonce le fétichisme dont font l’objet les marchandises produites par le capital. Pour les économistes et les philosophes, les choses nous éloignent des vraies valeurs, nous aveuglent, nous encombrent. Les Anciens définissaient le Bien comme l’équilibre et la coïncidence avec le monde, le kosmos… un terme aussi synonyme d’ornement. « Le bien est dans les choses, parce que toutes les choses sont notre ornement. Elles sont, à la lettre, notre monde » : une thèse provocatrice pour un essai atypique qui préfère le bricoleur au moraliste abstrait.

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