L'Arbre-Monde

Une recension de Catherine Portevin, publié le

« Le livre est une arborescence née des racines du hêtre […]. Car c’est l’écorce du hêtre qui a accueilli les premières lettres du sanskrit » : ainsi, le roman de Richard Powers renoue-t-il avec les origines de la littérature en remettant l’arbre au cœur battant du monde. Il commence par les racines : neuf personnages dont le destin s’enlace avec celui d’un châtaignier, d’un chêne vert, d’un mûrier, d’un banian… Ils sont devenus artiste, ingénieure, génie de l’informatique, psychologue, botaniste, etc. Ils sont vivants sur une Terre qui menace de s’asphyxier. Ils vont converger vers une même cause et un même tronc – le sauvetage du dernier séquoia de Californie –, s’élever de cimes en cimes vers les dieux introuvables et réensemencer le monde en graines. Richard Powers compose une véritable symphonie de ce Nouveau Monde qui est aussi très ancien, où l’agitation des branches sous l’orage et les odeurs de l’humus nous parlent de « la relation occulte entre l’humain et le végétal » que célébrait Emerson. Physicien de formation, pointu en biotechnologies et en informatique, nourri autant d’Ovide que de Darwin, il s’inspire notamment du Comment pensent les forêts de l’anthropologue Eduardo Kohn. Foisonnant, L’Arbre-Monde possède la dimension d’un mythe fondateur moderne.

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