La fin de l'exception humaine

Une recension de Martin Legros, publié le

Alors que les progrès des sciences du vivant et de la génétique, en particulier, se conjuguent avec l’avancée de l’idéal d’égalité pour ruiner l’idée d’un propre de l’homme, nous continuons à nous concevoir comme des créatures d’exception. Nous nous distinguerions dans l’ordre du vivant et de la nature par des traits qui, non seulement nous différencieraient des autres espèces (pensée, langage, culture), mais marqueraient davantage une rupture de l’homme avec la nature. Comme s’il y avait deux plans de la réalité – la nature et la culture, le corps et l’âme, la matière et l’esprit – régis par des rationalités antagonistes. Après un retour sur la généalogie culturelle (chrétienne) et philosophique (cartésienne) de la thèse de l’exception humaine, Jean-Marie Schaeffer montre comment les sciences contemporaines, telles que la théorie de l’évolution, l’éthologie ou le génie génétique, concourent à réintégrer l’homme dans le monde du vivant, sans pour autant le réduire à un automate. Ce livre en forme de manifeste « naturaliste », érudit et difficile, entend mettre fin au décalage surprenant entre notre vision de l’homme et l’état de notre savoir.

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