Homo labyrinthus. humanisme, antihumanisme, posthumanisme

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Pouvons-nous sortir de la forteresse « immunologique » de l’humanisme ? Car, à concevoir l’homme comme une exception au sein du règne animal, l’humanisme fabrique « un impératif de transformation fondé sur un déni de la nature » et donc travaille à sa destruction, emportant à terme l’homme lui-même. Neyrat ne se contente pas de critiquer l’humanisme des Modernes – à commencer par celui d’Érasme. Il teste également les discours philosophiques « antihumanistes » de Heidegger, Althusser et Lévi-Strauss ou « post-humanistes » de Sloterdijk, Stiegler ou Serres. Et il pointe dans la plupart des cas un attachement encore « humaniste » à l’idée d’exception, donc de privilège humain, fût-il fondé sur un défaut ou un accident évolutif. C’est ainsi qu’il met en chantier un « anti-humanisme relationnel » qui englobe le lointain ancêtre Toumaï, le cyborg de Blade Runner comme le singe Washoe s’exprimant en langue des signes : si « l’être-labyrinthe à forme humaine » est un être indéterminé, sans origine ni fin, l’erreur est de vouloir abolir cette indétermination en misant sur un progrès autodestructeur. À l’inverse, l’« héroïsme » consisterait à faire place à ce « rien » qui pourtant nous fonde. Une réflexion radicale, donc, et à réserver aux amateurs… de labyrinthe !

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