Guerre

Une recension de Octave Larmagnac-Matheron, publié le

« Tous les hommes de la terre n’ont qu’à aller à la mairie dire : “Moi, vous savez, je ne vais pas à la guerre.” Eh bien, il n’y aura pas de guerre. Si donc ils la conservent, c’est parce qu’ils aiment ça, ce désir général, ce désir de destruction » : ces mots de Céline trouvent un écho particulier depuis la publication de Guerre, l’un de ses romans redécouverts l’été dernier. Car l’auteur, en lecteur de Freud, y écrit de l’intérieur le déchaînement de la pulsion de mort et l’expérience du feu par le brigadier Ferdinand. Non la guerre elle-même en fait, mais la cicatrice qu’elle laisse dans la conscience. L’atrocité ne passe pas. Le déferlement de sang, de douleur et de bruit hante un Ferdinand, le « crâne en friche », la « tête en usine ». La guerre est une folie qui pousse les hommes aux limites de l’hallucination. « Je comprenais bien au fond le délire des choses », le vomissement insensé de la barbarie. Par le sexe, Ferdinand renouera avec la pulsion de vie la plus crue. Mais il ne guérira pas. Il faudrait cesser de vouloir, disait Schopenhauer, que connaissait Céline. Mais les pires épreuves ne suffisent pas à tuer le vouloir-vivre : « C’est encore plus atroce la vie quand on ne bande plus. »

 

Retrouvez le dossier de Philomag.com sur les sources philosophiques de Céline

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« Shiny, shiny, shiny boots of leather/ Whiplash girlchild in the dark/ Comes in bells, your servant, don’t forsake him/ Strike, dear mistress, and cure his heart. »