Face au passé

Une recension de Catherine Portevin, publié le

La mémoire, devenue valeur cardinale, supplante l’histoire comme relation au passé. Critique avisé de ses usages ambigus, Henry Rousso fut l’un des premiers à l’observer en historien avec Le Syndrome de Vichy (Seuil, 1987). Depuis, il élabore une véritable « histoire de la mémoire », dont ce recueil d’articles donne les enjeux contemporains (avec de passionnantes remarques sur les expériences du Rwanda, de la Colombie, de l’Afrique du Sud…). Au centre : la mémoire de la Shoah et comment celle-ci structure désormais notre vision « thérapeutique » de l’histoire – l’idée du « plus jamais ça »… hélas ! plus d’une fois démentie. Les derniers chapitres ouvrent des questions pénétrantes : sur une identité européenne fondée sur le souvenir de la Shoah, sur l’héritage communiste encore sans « travail de mémoire », sur la « mondialisation de la mémoire » qui concurrence les récits nationaux pour créer, pour le meilleur et pour le pire, une forme d’histoire populaire. Dans cette nouvelle conscience historique, est-ce le passé qui ne passe pas ou bien le présent qui n’existe plus qu’au passé ?

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