Eloge de la négligence : et autres textes

Une recension de Pierre Bottura, publié le

« J’aime tous ceux qui t’affectionnent ; j’aime les dieux qui te protègent ; j’aime la vie grâce à toi ; j’aime les lettres avec toi ; comme tes amis, je me repais d’amour pour toi. » Ainsi Fronton (95-166) s’adresse-t-il à son élève devenu César, le philosophe et empereur Marc Aurèle (121-180). Dans cette série de lettres, le professeur de rhétorique adresse au souverain des enseignements en forme d’éloges dont certains, telle est leur originalité, sont paradoxaux. Le but est de prévenir l’ancien disciple, devenu homme d’État, contre les rigidités du dogmatisme. Comment, par exemple, faire l’éloge de la négligence ? Est-il possible de trouver des mérites à la poussière ou à la fumée ? Oui, explique Fronton, qui ramène la rhétorique à sa fonction première : un exercice intellectuel. Pour trouver une seule vertu au vice de l’hypocrisie, Fronton rappelle que Socrate en usa face aux sophistes pour les amadouer. Derrière cet exercice se cache une dose d’humour mais, surtout, une discipline, voire une méthode. Il s’agit de défendre ce qui n’est pas défendable en apparence afin « d’entraîner le lecteur dans les plaisirs incertains de la rhétorique pure », comme le note Nicolas Waquet, traducteur et préfacier de cette édition.

Sur le même sujet




Bac philo
5 min
Mathias Roux

Avertissement : il ne s’agit ici que de pistes de réflexion et non d’une copie type nécessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thèses et arguments sont possibles.


Bac philo
4 min
Olivier Dhilly

En général, ce sujet rassure. On se dit : puisqu’il y a un texte, on aura quelque chose à dire. Mais gare à l’illusion de facilité ! Le risque est de ne pas comprendre le texte ou de le paraphraser sans l’expliquer au lieu de le prendre…


Article
3 min
Denis Moreau

“Monstre incompréhensible”, l’homme est sans cesse tiraillé entre l’ange et la bête, le désespoir et l’espérance, la foi en sa grandeur et la…

Montaigne et Pascal. Le moi et le doute, ou la foi