Correspondance. 1945-1959

Une recension de Samuel Lacroix, publié le

La publication de ces quelque quatre-vingt-dix lettres échangées entre Albert Camus et son ami italien Nicola Chiaromonte (1905-1972), réfugié antifasciste rencontré en Algérie en 1941, sont un trésor rare. Outre qu’elles permettent de découvrir la pensée de cet intellectuel, humaniste anticonformiste, elles témoignent de la force d’une fraternité intellectuelle, chaleureuse, intime et chargée d’intelligence, au cœur des temps tota- litaires, de 1945 jusqu’en 1959, peu avant la mort de Camus. Ce dernier se révèle souvent torturé par le doute, dur avec lui-même, écrivant à son camarade à propos de La Peste : « Je suis si loin de trouver ce livre bon que je doute de le laisser publier. » Son interlocuteur est plus radical et lyrique que lui pour, par exemple, dénoncer l’attitude de Sartre comme « gangstérisme (intellectuel) ». Cette liberté de ton nourrit au fil des pages de très beaux et féconds échanges au sujet du nihilisme des temps, de la cruauté des juge- ments publics, de l’angoisse suscitée par le prix Nobel (que Camus reçut en 1957) ou encore de la nécessaire souffrance qu’engendre l’adultère. On sent combien l’exi- geante admiration de Nicola Chiaromonte a pu influencer Camus sur tous les plans.

Sur le même sujet



Le fil
4 min
Jean-Marie Pottier

Le déroulement des élections américaines, en pleine pandémie de Covid-19, a ranimé la curiosité en France pour le vote par correspondance, supprimé en 1975 en…

Le vote par correspondance contre la démocratie ?