Anthropologie structurale zéro

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Ne pas se laisser impressionner ! La publication de ces dix-sept articles, oubliés ou méconnus, de Claude Lévi-Strauss, qui forment comme la « préhistoire » de son Anthropologie structurale (1958), est un événement, savamment pensé, analysé et présenté. On y comprend la part que la guerre et l’exil – celui du jeune ethnologue trentenaire à New York de 1941 à 1947 – tiennent dans l’élaboration de sa pensée. On y lit aussi l’ambition comparative de son anthropologie pour « atteindre des vérités universellement valables ». Mais on peut aussi s’aventurer au hasard dans la prose toujours nette et profonde de Lévi-Strauss et se laisser saisir par ses fulgurances. Son très vif article « La technique du bonheur », critique de la société américaine, n’a presque pas pris de ride. Son analyse de « la politique étrangère d’une société primitive »  nous parle en montrant la continuité entre l’agressivité et la coopération. L’anthropologue s’interroge enfin sur l’importance pour un groupe de pouvoir se penser comme groupe : « On se demande, écrit-il en 1949, si le point de vue des “sociétés closes” ne permet pas d’accéder à une richesse spirituelle et à une densité de l’expérience sociale dont nous aurions tort de laisser se tarir la source. »

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