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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Enquête

Vivons-nous dans une simulation?

Matthew R. Francis publié le 03 juillet 2014 14 min

Non, ceci n’est pas une divagation d’un fan de Matrix amateur de substances illicites… mais une authentique interrogation inspirée par les hypothèses du philosophe Nick Bostrom qui bouscule les certitudes de la science et de la métaphysique. Alors, êtes-vous prêts à découvrir si vos existences quotidiennes – et plus largement l’Univers – ne sont pas les avatars d’un vaste programme informatique ?

L’espèce humaine ne durera pas éternellement. Un jour viendra où les hommes disparaîtront de la surface de la Terre. Mais avant d’en arriver là, il se pourrait qu’ils développent des capacités informatiques telles que leur application leur permette d’imiter l’expérience humaine dans toute sa complexité. Certains philosophes et physiciens se demandent même si ce n’est pas déjà le cas : peut-être vivons-nous dans une simulation informatique ? Peut-être la réalité dont nous faisons l’expérience relève-t-elle d’une programmation ?

La technologie informatique est remarquablement sophistiquée et, grâce à l’informatique quantique, elle est vouée à le devenir encore plus. Équipés d’ordinateurs toujours plus puissants, nous pourrons parvenir à une simulation à grande échelle de systèmes physiques de plus en plus complexes, voire d’organismes vivants et d’êtres humains.

Cette idée n’est pas aussi saugrenue qu’il y paraît. Au vu du degré de complexité que pourrait atteindre, mettons, un disque dur, certains philosophes ont récemment avancé qu’il était tout à fait plausible que nous fassions d’ores et déjà partie d’une « simulation d’ancêtres », reconstitution virtuelle du passé de l’humanité. De leur côté, trois physiciens nucléaires, Silas R. Beane, Zohreh Davoudi et Martin J. Savage, ont cherché à vérifier cette hypothèse, en partant du principe que tout programme scientifique procède par simplifications. Si nous vivons dans une simulation, nous devrions donc pouvoir effectuer des expériences susceptibles de déceler ces simplifications.

Aucune de ces deux approches, logique et empirique, n’exclut cependant la possibilité que nous habitions dans une simulation à notre insu, sans en avoir conscience. Les résultats de l’expérience de simulation pourraient en effet s’expliquer sans que nous évoluions pour autant dans un monde simulé. Alors, comment savoir si nous vivons une vie simulée ou non ?

« Nos lointains descendants s’emploieront peut-être à créer des univers virtuels peuplés d’humains doués de conscience »

Tôt ou tard, l’humanité telle que nous la connaissons disparaîtra ou sera supplantée par une ou plusieurs espèces posthumaines. À supposer que nous laissions derrière nous des descendants futuristes, ceux-ci s’emploieront peut-être à créer des simulations d’ancêtres, des univers virtuels peuplés d’êtres humains doués de conscience. Et si la technologie nécessaire à leur mise en œuvre est amenée à se banaliser, il n’est pas impossible que ces expériences de simulation prolifèrent au point de devenir plus nombreuses que les expériences d’êtres humains ayant réellement existé.

Cette hypothèse soulève une problématique intéressante pour tout individu capable d’une expérience consciente et subjective : comment savoir si nous sommes des êtres humains originaux, ou bien des simulations d’ancêtres, phénomène d’ailleurs bien plus répandu ? Le philosophe Nick Bostrom propose un cadre conceptuel pour aborder cette question. D’après lui, nous sommes obligés de souscrire à l’un ou l’autre de ces trois postulats : soit les espèces humaines et apparentées disparaîtront avant d’avoir pu mettre au point une technologie capable de générer une simulation ; soit les civilisations posthumaines ne se soucieront pas d’élaborer une telle technologie ni de l’appliquer ; soit nous faisons nous-mêmes probablement partie d’une simulation. Je dis probablement car, toutes choses étant égales, il y a plus de chances pour qu’une expérience consciente soit une expérience simulée. L’hypothèse de la simulation est d’autant plus plausible que les deux autres hypothèses (celle de l’extinction et celle du désintérêt) ne se réalisent pas.

 

Encoder l’Univers

Bostrom n’est assurément pas le premier à émettre l’hypothèse selon laquelle la réalité telle que nous la percevons est virtuelle, même si la nature du simulateur varie largement. Outre maintes réflexions philosophiques et scientifiques, l’hypothèse de simulation de la conscience humaine a souvent été exploitée par la science-fiction. Dans la trilogie cinématographique inaugurée en 1999 par Matrix, le monde tel que nous le connaissons est une simulation informatique destinée à distraire le cerveau des êtres humains pendant que leur chimie corporelle est prélevée comme source d’énergie. Dans Matrix, les hommes perçoivent le monde du point de vue d’avatars immergés dans une réalité virtuelle. Cette simulation n’est cependant pas assez aboutie pour empêcher que certains en décèlent les failles et piratent la matrice.

La thèse de Bostrom est quelque peu différente : selon lui, la simulation englobe l’Univers tout entier, et non pas seulement l’espèce humaine. Tous les aspects de la vie humaine, y compris notre esprit et nos interactions avec les éléments non sensibles du programme, relèvent d’un codage. Bostrom reconnaît toutefois qu’une simulation de la réalité dans sa totalité pourrait s’avérer irréalisable, même par des systèmes informatiques superpuissants. De même que nos simulations scientifiques impliquent des degrés d’abstraction qui requièrent un minimum de détails, les simulations auraient sans doute recours à des lois et à des hypothèses qui dispensent de simuler la réalité dans ses moindres détails. Ces lois et ces hypothèses interviendraient quand nous procédons à des expériences : par exemple, « quand un être humain s’apprête à faire une observation relative à l’univers microscopique, [la simulation] pourrait détailler ponctuellement le domaine de simulation concerné », écrit Bostrom dans son article intitulé « Are You Living in a Computer Simulation ? » (« Et si nous vivions dans une simulation informatique ? », in Philosophical Quarterly, 2003, Vol. 53, n° 211). Ainsi, le programme n’aurait pas à suivre à chaque instant chaque particule ou chaque galaxie dans ses moindres détails mais, dans les cas où ces données sont requises, le programme serait suffisamment précis pour présenter une réalité parfaitement cohérente. Les êtres humains eux-mêmes ne feraient pas forcément l’objet d’une simulation détaillée à chaque instant ; la conscience que nous avons de nous-mêmes dépend en effet des circonstances. À la différence du personnage de Linus dans la bande dessinée Peanuts, nous n’avons pas en permanence conscience des mouvements de notre langue dans notre bouche : la simulation n’aurait donc pas besoin de maintenir au premier plan les activités de fonctionnement de notre langue.

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