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Vincent Peillon: égalité et citoyenneté active

Vincent Peillon, propos recueillis par Martin Duru publié le 2 min

Initiateur du genre autobiographique, avocat de la démocratie directe et ethnologue avant l’heure, Rousseau semble un de nos contemporains égaré dans le XVIIIe siècle. La preuve par trois.

« La pensée de Rousseau, réservoir de modernité, ne cesse d’alimenter mes réflexions sur la démocratie. Il a été le premier à soulever la question de l’autonomie, comme capacité de chacun à se donner des règles, et à s’être interrogé sur les conditions de possibilité d’un ordre collectif garantissant la liberté. Or ce qui permet d’être libre dans le domaine politique, c’est l’égalité : tous les citoyens doivent contribuer à l’élaboration de la loi comme expression de la volonté générale ; en retour, la loi doit s’appliquer à tous sans discrimination. Dès lors, les inégalités de nature politique, juridique ou économique compromettent la quête de l’autonomie. Mais si l’égalité est la condition de la liberté, la réciproque est aussi valable : nous devons être libres pour être égaux, ce qui suppose à la fois d’affirmer sa singularité et de se penser comme semblable aux autres. C’est le thème de la citoyenneté active, un appel au dialogue en vue du bien commun. Rousseau était un pourfendeur de la démocratie représentative, régime selon lui aliénant : “Là où le représentant est, le représenté n’est plus” (Du contrat social). Il plaidait en faveur de la démocratie directe, sur le modèle des petites cités où les individus s’assemblent pour confronter leurs points de vue. Cet éloge de la discussion et de la participation me semble éminemment actuel, au cœur du projet d’une République moderne. Enfin, l’une des leçons de Rousseau est qu’il n’existe pas d’organisation politique parfaite ; le Contrat social est un livre de principes, dont certains sont difficilement réalisables. Nous devons toujours nous guider d’après ces principes et avoir une distance critique par rapport aux lois et aux institutions “concrètes”, afin de limiter leurs imperfections. La démocratie est une tâche infinie. »

Expresso : les parcours interactifs
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