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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Russell Banks, romancier américain, chez lui dans l'état de New-York, Juillet 2005. © Stéphanie Lacombe / Pink / saif images

Russell Banks : “Les hommes veulent être bons mais n’y arrivent pas”

Russell Banks, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 22 août 2012 13 min

Russell Banks était un romancier qui a fait résonner la conscience des États-Unis dans chacun de ses ouvrages. Alors que l'écrivain vient de disparaître le 7 janvier 2022, nous vous invitons à (re)découvrir cet entretien où l’auteur de De beaux lendemains se montre une fois de plus d’une lucidité acérée sur le rêve américain et ses contradictions.

 

 

Russell Banks n’écrit pas en philosophe. Né dans un milieu populaire, en rupture de scolarité et de famille, il n’était pas destiné à une carrière d’intellectuel et appartient davantage à la catégorie des storytellers que des théoriciens de la littérature. Et pourtant, son œuvre a une dimension profondément philosophique. Elle prend en charge avec la plus grande sincérité les contradictions qui gisent au cœur de la conscience américaine : la conviction d’avoir créé, à l’écart de la corruption du Vieux Continent européen, une nouvelle Jérusalem ; l’appel à refaire sa vie et le sentiment puritain de la faute ; l’alliance de l’idée de mission religieuse universelle et du cynisme le plus assumé. Hollywood et le cinéma américain ont longtemps réussi à transfigurer ces contradictions dans la figure des grands héros de western ou de polar. Chez Russell Banks, ces contradictions ne sont pas dépassées. Elles produisent plutôt des « rêveurs homicides », selon ses propres mots.

Né en 1940, à Newton, dans le Massachusetts, Russell Banks partage aujourd’hui son existence entre le soleil de la Floride et les neiges des monts Adirondacks. Quand il n’est pas en tournée promotionnelle pour l’un de ses romans, aujourd’hui traduits dans le monde entier. Nous l’avons rencontré à Paris, dans un petit hôtel situé près de la place de l’Odéon, tandis qu’à la manière d’une star du rock ou du cinéma, il achevait un tour européen pour la sortie de Lointain Souvenir de la peau. Heureusement, cet exercice n’a pas épuisé sa sève, et c’est avec des mots sensibles qu’il s’est mis à nous raconter sa propre histoire spirituelle.


Russell Banks en six dates

  • 1940 Naissance à Newton, dans le Massachusetts. 
  • 1967 Obtient un diplôme de littérature anglaise à l’université de Caroline du Nord. Neuf ans auparavant, il avait abandonné les études au bout de huit semaines. 
  • 1985 Connaît un succès international avec son sixième roman, Continents à la dérive (Continental Drift). 
  • 1997 Adaptation au cinéma de De beaux lendemains (par Atom Egoyan, Grand Prix du jury à Cannes) et d’Affliction (par Paul Schrader). 
  • 1998-2004 Préside le Parlement international des écrivains. 
  • 2012 Publication en France de Lointain Souvenir de la peau.

Il n’y avait pas de livres chez vous et rien ne vous prédestinait à devenir écrivain. Comment avez-vous rencontré la littérature ?

Russell Banks : Par accident ! Jeune, je rêvais plutôt de devenir peintre. Bien sûr, je n’avais jamais mis les pieds dans un musée ni dans une galerie d’art, mais j’avais un petit talent pour le dessin, que les gens remarquaient. Le dessin, de ce point de vue, est comme la musique : ce sont des domaines dans lesquels le talent d’un individu se manifeste immédiatement. On parvient vite à produire un effet sur les autres et à recevoir des compliments. L’écriture n’est pas de ce type-là : le talent d’un grand écrivain ne se manifeste pas au premier abord, une imprégnation est nécessaire. En quête de reconnaissance, j’aurais pu continuer longtemps à dessiner… Vers 18 ans, j’ai abandonné l’école et me suis mis à errer en Floride. Mon projet au départ était de me rendre à Cuba pour rejoindre Fidel Castro et Che Guevara, que la presse américaine présentait encore comme d’héroïques Robins des bois ; je rêvais de les aider à renverser Batista, le dictateur honni. En janvier 1959, quand je suis arrivé à Miami, Fidel Castro et ses hommes marchaient sur La Havane. Ils semblaient très bien se débrouiller sans moi ! Je suis donc resté planté là, désœuvré et sans ressources. J’ai trouvé un boulot de bagagiste dans un hôtel et une chambre. C’est là que j’ai commencé, pour la première fois, à lire. J’allais à la bibliothèque et empruntais toujours le maximum de livres autorisés, six – je m’en souviens. Je lisais, lisais… je suis véritablement tombé amoureux de la littérature. En même temps, je mélangeais le meilleur et le pire, William Faulkner et Ernest Hemingway me plaisaient, mais aussi Edgar Rice Burroughs, le créateur de Tarzan. Je ne faisais pas la différence. Comme un singe savant, j’ai tout de suite tenté de les imiter. J’ai arrêté de dessiner et de peindre, pour écrire des poèmes à la Walt Whitman et des nouvelles à la Hemingway. À 22 ans, ma vie entière était entièrement organisée autour de l’écriture. Mon emploi du temps, le type de boulots que je choisissais et les relations que je nouais tournaient autour de cette passion. Les beatniks étaient alors le grand modèle de la littérature américaine, et vagabonder entre Miami, Mexico, New York, Boston, sans aucun sens des responsabilités, tout en plongeant dans l’univers du jazz, semblait être la meilleure école pour un artiste. Ce programme me convenait. Je ne me sentais aucune responsabilité, aucune obligation, exceptée une seule, envers moi-même : je me devais d’explorer le monde de la vie pour accéder au monde de l’art.

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S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
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