Reductio ad studium

Isabelle Sorente publié le 3 min

Beaucoup éprouvent le besoin de se référer à des études pour « valider » leurs plus belles aspirations. Ne faudrait-il pas parfois se garder de la mesure ?

La méditation est bonne pour le cerveau. C’est quelque chose qu’on lit souvent ces temps-ci. Pas une année ne passe sans inspirer une nouvelle étude sur la question. Des scientifiques observent le cerveau de méditants chevronnés grâce aux technologies d’imagerie médicale. Et constatent que la méditation contribue au développement de certaines zones cérébrales reliées à la mémoire ou au contrôle des émotions. Et concluent que la méditation pourrait nous aider à mieux vieillir, en plus de nous rendre plus calmes et plus heureux. Ces études, qui font partie des rares sujets d’actualité consensuels, me font pourtant un effet étrange : celui de vouloir rassurer deux populations ennemies. D’un côté, les utilitaristes, les perfectionnistes, les rapides, ceux qui veulent que tout serve toujours à quelque chose, ceux qui pourraient se dire que méditer ne sert à rien et qu’ils n’ont pas le droit de s’asseoir quelques minutes pour respirer – ne parlons pas de s’asseoir des jours entiers. Eh bien, ceux-là peuvent être rassurés. La science l’a prouvé : méditer les rendra plus performants. Ils peuvent donc tout de suite réserver un créneau dans leur agenda et si possible recourir aux services d’un coach qualifié. En face, les hérétiques, dont je fais partie, qui pensent que la manie de rationaliser n’a rien de rationnel et qu’elle est en train de nous tuer, ou à peu près. À ceux-ci, la belle étude sur le cerveau des méditants dit : « Pauvres hérétiques, cessez de vous inquiéter pour rien, vous pouvez méditer autant que vous voulez, nous comprenons votre démarche et même nous l’encourageons. Vous voyez qu’on peut s’entendre. »

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La dissertation
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