L’individuo-globalisme
Et si yoga, bio, kabbale, halal ou jeûne marquaient la naissance d’une nouvelle religion mondiale, conciliant quête de soi et ouverture au Tout.
Évidemment, ce mot-valise n’est pas léger ! Il pèse son -isme, associe deux gros concepts flous et il faut un premier prix d’élocution pour le prononcer sans savonner. Mais il a le mérite de ne pas chercher midi à quatorze heures : l’individuo-globalisme, c’est l’alliance paradoxale de l’individualisme et du globalisme, voilà tout. Jusque-là, vous aviez, parmi les scrutateurs de la modernité, les analystes de la « montée de l’individualisme ». Jusque-là, vous aviez aussi d’autres observateurs pour qui la mondialisation est la source de tous les changements, provoquant soit l’uniformisation des cultures, soit le choc des civilisations, soit les deux. Et voici le sociologue Raphaël Liogier, directeur de l’Observatoire du religieux à Aix-en-Provence, qui trouve le chaînon manquant : l’individuo-globalisme est le mouvement de notre temps. Il n’est pas le premier à penser ensemble l’individu et le monde dans la modernité – c’est même le disque dur des sciences sociales ! Avant lui, Norbert Elias, dans La Société des individus (Fayard, 1991), ne disait pas autre chose… mais ne connaissait pas Internet ; Anthony Giddens a bien remarqué le déploiement simultané de la mondialisation et de la « construction réflexive de soi » – dans Modernity and Self-Identity (« Modernité et identité personnelle », Polity, 1991, non traduit). Mais Raphaël Liogier va plus loin en voyant l’individuo-globalisme, non comme une tendance sociétale, mais comme une religion, la première religion mondiale. C’est là l’idée neuve.
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