Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Graphique satellitaire montrant les courants océaniques (lignes colorées tourbillonnantes, dont le Gulf stream en vert ) sur un globe terrestre partiel centré sur l'Atlantique Nord. © Karsten Schneider,/ Science Photo Library

Un classique éclaire le présent

L’effondrement du Gulf Stream, une menace pour la Terre

Octave Larmagnac-Matheron publié le 07 décembre 2023 4 min

4 % : c’est le ralentissement de la vitesse du Gulf Stream – ce courant marin qui sillonne l’Atlantique nord – en l’espace de quatre décennies. Ce bouleversement aurait certainement inquiété l’historien Jules Michelet.


C’est le Gulf Stream qui transporte les eaux chaudes du golfe du Mexique vers une Europe au climat doux, qui régule le climat de la zone Atlantique et brasse les eaux marines, enfouissant le dioxyde de carbone (CO2) dans les profondeurs et leur arrachant des minéraux. Le Gulf Stream est une pièce essentielle de la circulation océanique mondiale. Il est désormais en péril. Son effondrement, dont le risque était considéré comme « faible » dans le sixième rapport du Giec de 2022, doit désormais être pondéré d’une probabilité « forte ». C’est du moins ce qu’affirment les auteurs d’une étude récente parue dans Advancing Earth and Space Sciences, qui estime à 4 % le ralentissement de la vitesse de ce courant marin depuis quarante ans. Le lien avec le réchauffement climatique reste à établir scientifiquement. Mais ce bouleversement, s’il se poursuit, aura des effets dévastateurs, étant donné le rôle crucial joué par les grands courants marins dans les équilibres planétaires.

 

La partie vivante du monde

Les courants marins ont, depuis leur découverte, fasciné les penseurs. L’historien Jules Michelet en particulier, évoque longuement ces « fleuves de la mer » dans La Mer (1800). Longtemps, par rapport à la terre, l’océan fut considéré comme une masse de liquide informe, un champ de bataille de forces anarchiques. Avec la mise au jour des grands courants le regard s’est inversé : « C’est dans la partie fluide, qu’on croyait si capricieuse, qu’existe la régularité. […] De sa nature, [la mer] est généralement régulière, soumise à de grands mouvements uniformes, périodiques. » La terre, en regard, paraît beaucoup moins ordonnée : engoncée dans la rigidité de la matière solide, elle épouse moins adéquatement la perfection d’une structure. Son grand corps porte les marques innombrables d’accidents de parcours, là où l’équilibre marin rétablit, sans cicatrice, son intégrité. L’« admirable mécanisme » de l’océan, lui, semble « parfait ».

Parfait au point de ne plus avoir l’allure d’un simple mécanisme. « Voilà une grande horloge, une grande machine à vapeur qui imite à s’y méprendre le mouvement des forces vitales. […] Superposés à des étages différents, ou coulant latéralement en sens opposés, courants chauds, contre-courants froids, ils exécutent entre eux la circulation de la mer, l’échange des eaux douces et salées, la pulsation alternative qui en est le résultat. » Si la terre est comme le squelette ossifié d’un grand animal planétaire, les circulations océaniques en sont la partie vivante et palpitante. « Est-ce à dire que ces courants, assez distincts et peu mêlés, puissent se comparer strictement, comme on l’a fait quelquefois, aux vaisseaux, veines et artères, des animaux supérieurs ? Non pas sans doute à la rigueur. Mais ils ont quelque ressemblance avec la circulation moins déterminée que les naturalistes ont trouvée récemment chez quelques êtres inférieurs, mollusques, annélides » qui y vivent. « Telle est la mer. Elle semble un grand animal arrêté à ce premier degré d’organisation. »

 

Harmonie entre ciel et mer

Ce premier système circulatoire est arrimé à un autre avec lequel il fonctionne en « harmonie » : celui des courants atmosphériques. « Tel l’Océan maritime, tel l’Océan aérien. Ses mouvements alternatifs, l’échange de ses éléments, sont tout à fait analogues. » Michelet n’approfondit pas sans doute suffisamment, faute de connaissances scientifiques, les interactions incessantes entre les deux. Mais il a saisi combien l’arrêt ou l’enrayement des grands battements cardiaques du monde aurait des effets terribles pour toutes les formes de vies qui en dépendent. On le voit dans des cas locaux : « Il en serait comme de la mer Morte, qui, n’ayant ni écoulement ni mouvement, voit ses bords chargés de sel, ses plantes incrustées de cristaux. À passer seulement sur elle, les vents se font brûlants, arides, portent la famine et la mort. » La vie est dynamisme, elle a besoin de mouvement. Non pas d’un mouvement erratique et déréglé. Au contraire, toute vie s’adosse à l’alternance d’une pulsation rythmée qui conjugue harmonieusement l’ordre et le changement.

 

C’est cet équilibre précaire qui, aujourd’hui, semble mis en péril par l’effondrement du Gulf Stream. Difficile de dire dans quelle mesure ce ralentissement est lié ou pas au réchauffement climatique. Mais il paraît probable que, dans le système complexe de couplage entre les éléments qui façonnent notre monde, la dérive durable d’une variable doive entraîner, de toutes parts, des dérèglements. Il est également probable que ces dérèglements – ceux des courants marins en l’occurrence – perturberont, en retour, les dynamiques atmosphériques. C’est l’ensemble du métabolisme de l’organisme planétaire qui est peut-être désormais en jeu.

Expresso : les parcours interactifs
Kant et le devoir
Au quotidien, qu’est-ce que ça veut dire d’agir moralement ? Et est-ce que c’est difficile de faire son devoir ? Ces questions ne sont pas anecdotiques pour quelqu’un qui souhaite s’orienter dans l’existence. Et, coup de chance : Emmanuel Kant y a répondu. 
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
3 min
La catastrophe climatique à feu doux
Ollivier Pourriol

Oscar du meilleur film documentaire en 2006, Une vérité qui dérange, film états-unien réalisé par Davis Guggenheim en 2006, repose sur la prestation d’Al Gore, ancien vice-président des États-Unis (1993-2001), dans sa croisade…


Article
5 min
Donner la vie dans un monde en péril 
Clara Degiovanni 29 juin 2021

Selon le nouveau rapport du Giec, le pire est à venir. Ce sont les enfants nés en 2021, qui devraient subir de plein fouet les conséquences du…

Donner la vie dans un monde en péril 

Article
12 min
L'esthétique environnementale face au changement climatique
Alexandre Lacroix

La déplétion des écosystèmes terrestres et le réchauffement climatique secouent l’esthétique environnementale, une discipline méconnue qui a pris son essor il y a quelques décennies. Et posent une question de fond : notre…


Article
3 min
Giec, un rapport passé sous silence ?
Samuel Lacroix 19 mars 2022

Paru fin février, le second volet du sixième rapport du Giec ne semble pas avoir eu beaucoup d’échos politiques ou médiatiques. Peut-être parce qu…

Giec, un rapport passé sous silence ?

Article
1 min
“J'agis pour le climat” (Marabout)
15 septembre 2020

À l’occasion de la sortie de notre hors-série Philosophie du réchauffement climatique, tentez de gagner le livre J’agis pour le…

“J'agis pour le climat” (Marabout)

Entretien
5 min
Pablo Servigne : “‘Game of Thrones’ est un récit conscient, mais surtout une mythologie qui parle à l’inconscient de notre époque”
Sven Ortoli

Une catastrophe climatique s’apprête à s’abattre sur Westeros. Retranchés derrière un vertigineux mur de glace, les hommes se croient à l’abri et poursuivent leurs guerres intestines. De la fiction à la réalité : aujourd’hui comme…


Article
13 min
Zygmunt Bauman : “L’amour liquide n’a pas que des agréments”
Patrice Bollon 31 août 2012

[Actualisation : l’intellectuel est mort le 9 janvier 2017 à l’âge de 91 ans, à Leeds, au Royaume-Uni] Zygmunt Bauman est un homme discret, au…

Zygmunt Bauman : “L’amour liquide n’a pas que des agréments”

Article
6 min
E. Cappellin : “Prendre conscience de la crise climatique passe par une alliance d’émotion, d’information et de courage”
Hannah Attar 03 octobre 2021

Avec son premier film, le documentaire Une fois que tu sais, le réalisateur Emmanuel Cappellin nous entraîne dans une quête scientifique,…

E. Cappellin : “Prendre conscience de la crise climatique passe par une alliance d’émotion, d’information et de courage”

À Lire aussi
L’effondrement climatique de l’Empire hittite
L’effondrement climatique de l’Empire hittite
Par Octave Larmagnac-Matheron
février 2023
Peut-on parler d’“effondrement climatique” ?
Peut-on parler d’“effondrement climatique” ?
Par Octave Larmagnac-Matheron
septembre 2023
Voyage autour d’une Terre vulnérable
Voyage autour d’une Terre vulnérable
Par Nicolas Villaume, Alexandre Lacroix,
août 2023
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. L’effondrement du Gulf Stream, une menace pour la Terre
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse