Le burkini et le régime de laïcité
Depuis des semaines, la polémique enfle : le Conseil d’État se prononce, ce vendredi 26 août, contre l’arrêté « anti-burkini » de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).
Suite aux requêtes déposées par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le controversé Comité contre l’islamophobie en France (CCIF), proche de Tarik Ramadan, contre une ordonnance du tribunal administratif de Nice validant l’interdiction du port du burkini à la plage, l’ordonnance du Conseil d’État rappelle ainsi que cet arrêté porte « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Cette décision fera désormais autorité pour toutes les juridictions administratives de France.
Les vifs débats suscités par les arrêtés pris dans une trentaine de communes contre le port du burkini à la plage ont pour prétexte une défense de la laïcité. Mais s’étend-elle indifféremment à tous les lieux publics, à l’école comme à la plage ? À en croire l’arrêté du Conseil d’État, non. La philosophe Catherine Kintzler, qui a notamment signé Penser la laïcité (Minerve, 2014), précise ainsi dans un entretien qu’elle nous accordait récemment :
« Le régime de laïcité est souvent confondu avec le principe de laïcité. Or ce régime repose sur l’articulation de deux principes indissociables. D’une part, ce qui participe de l’autorité publique est tenu à l’abstention au sujet des croyances et des incroyances. D’autre part, partout ailleurs, y compris en public, c’est la liberté d’expression qui s’exerce, dans le cadre du droit commun. D’où les abus qui reposent sur le même mécanisme : on prend l’un des principes et on prétend effacer l’autre. une première dérive consiste à vouloir étendre à l’autorité publique le principe qui vaut pour la société civile : ce sont les tentatives d’”accommodements” à une nouvelle religion. L’autre dérive, c’est de vouloir appliquer à la société civile l’abstention que la laïcité impose à l’autorité publique : position qui prétend “nettoyer” l’espace social de toute visibilité religieuse (en fait brandie principalement contre une religion). »
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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