La vie peut-elle se partager ?
Olivier Berland, 45 ans, Saint-Denis
Partager un gâteau, un fraisier par exemple, c’est le découper en un certain nombre de parts. C’est faire de la diversité à partir de l’unité. Partager l’opinion d’autrui, c’est plutôt partir de la diversité pour créer de l’unité et trouver « du commun ». Étrange polysémie de cette notion de partage. « Partager un appartement » peut, par exemple, s’entendre de ces deux manières : soit le découper en pièces dans le cadre d’une colocation (« faire de la diversité », donc), soit y vivre vraiment ensemble et, dans ce cas, « faire de l’unité », éprouver l’existence dans un espace commun. Qu’en est-il donc de la vie ? Que signifie « partager la vie de quelqu’un » ? La vie peut-elle se partager comme un gâteau, en se répartissant ses différentes parts entre nous ? Il est tentant de répondre que non, de penser que partager la vie emprunte plutôt le chemin inverse, celui qui va de la diversité à l’unité, de nos différences secondaires à cet essentiel que nous avons en partage : la vie. Une vie de couple serait une « vie partagée » : des différences mises en commun – ou mises de côté… – pour faire de l’unité. La vie citoyenne serait, de même, une « vie partagée », une « vie ensemble » soucieuse d’une unité à produire malgré les différences. Le plaisir esthétique pourrait lui aussi manifester ce désir d’une « vie ensemble » : dire « c’est beau », c’est vouloir partager le plaisir que la beauté nous donne, vouloir partager notre vie d’esthète. Une vie de chrétien, enfin, serait une « vie partagée » par une même communauté de croyants, le terme de partage pouvant alors revêtir ses deux significations. Soit partager au sens de séparer lorsque le chrétien, par charité, se dépouille de ce qu’il donne au démuni. Soit partager au sens d’éprouver du commun lorsque la souffrance d’autrui, dans la pitié, devient celle du chrétien.
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