Jean-Hervé Bradol: “Donner les moyens aux individus de se battre pour leurs droits”
Président de Médecins sans frontières (MSF) de 2000 à 2008, Jean-Hervé Bradol dirige aujourd'hui le Crash. Ce “Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires” mène des études sur l'action de MSF, contribuant plus généralement au débat sur les enjeux, contraintes, limites de l'action humanitaire.
« J’ai toujours nourri l’envie de voyager à travers le monde afin de satisfaire une curiosité : savoir ce qui se passe quand une société connaît une situation extrême. Bref, je rêvais d’aventure. Mais je n’étais pas a priori très intéressé par l’action humanitaire, qui charriait même dans mon esprit, pour des raisons politiques, une connotation péjorative. Faire la charité n’entre pas dans mes conceptions. Je suis plutôt partisan de donner les moyens aux individus de se battre pour leurs droits. L’action humanitaire a donc d’abord été une opportunité de voyage en étant inséré dans une société, grâce à une fonction locale. Médecins sans frontières convenait bien : en tant que jeune médecin, j’étais pouvais pratiquer mon métier dans des conditions satisfaisantes, bénéficiant d’une bonne logistique ; j’éprouvais la satisfaction de la pratique médicale curative et préventive, avec des dimensions de santé publique importantes.
« Faire la charité n’entre pas dans mes conceptions »
De plus, chez MSF les “cadres” étaient animés politiquement par le souci de ne pas se laisser manipuler par les divers acteurs de terrain, de conquérir une autonomie politique. Un espace de liberté existait pour soulever les dilemmes relatifs à l’action humanitaire. Mon activité chez MSF était-elle politiquement correcte au regard de mes standards d’ex-gauchiste ? C’était une préoccupation: ayant été militant trotskiste à la Ligue communiste révolutionnaire dans ma jeunesse, la dimension politique de l’action est toujours restée première. Or MSF ne ressemblait pas aux nombreuses “boîtes humanitaires” aux airs de nouvelles dames patronnesses, pour lesquelles j’ai la plus grande défiance.
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