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Maison des syndicats, Moscou (Russie). Un hommage relativement discret est rendu à celui qui fut l’unique président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, décédé le 30 août dernier à l’âge de 91 ans. © Sergei Bobylev/TASS/Sipa

Gorbatchev le mal-aimé

Michel Eltchaninoff publié le 06 septembre 2022 3 min

En regardant les funérailles de Mikhaïl Gorbatchev, samedi matin sur son ordinateur, Michel Eltchaninoff s’est dit qu’on avait rarement infligé un traitement aussi cruel à un chef d’État disparu… Que peut-on en conclure de la Russie d’aujourd’hui ?

 

« Vladimir Poutine, qui s’était fendu d’un message de condoléances aussi glacial qu’un hiver russe d’avant le réchauffement climatique, a refusé d’assister à la cérémonie d’adieux. On sait qu’il reproche au dernier dirigeant soviétique d’être responsable de la chute de l’URSS. C’est Gorbatchev, en effet, qui a fait basculer l’histoire, initiant – puis laissant faire sans la réprimer – la libération des peuples enfermés dans le sinistre empire. Tout a donc été fait pour humilier la mémoire de l’ancien Secrétaire général. Certes, on lui a accordé les derniers honneurs dans la Maison des syndicats, où avaient été vénérées les dépouilles de Lénine et Staline. Mais c’était pour mieux marquer le contraste avec l’adoration schizophrénique dont avaient bénéficié les deux guides du bolchévisme. Loin des foules endeuillées, on a pu voir passer des individus qui s’inclinaient à toute vitesse devant le cercueil de Gorby, faisant un signe de croix ou prenant une photo. Hormis Viktor Orbán et Dmitri Medvedev, l’ancien Premier ministre de Poutine, on a surtout remarqué la présence du dinosaure de la variété nationale Alla Pougatcheva et celle du rédacteur en chef nobélisé de la Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov : des gens du passé et des gens pourchassés. Quant aux commentaires écrits du live, ils étaient carrément insultants : “Hourra, c’est un grand jour ! Débouchons le champagne !”, “Gorbatchev est déjà en enfer”.

La foule, peu à peu, s’est cependant densifiée, et de perfides allusions à Poutine (“Ce ne serait pas lui dans le cercueil ?”) ou des drapeaux ukrainiens sont apparus sur le chat. Plusieurs commentateurs ont considéré a posteriori que la participation à ces funérailles de citoyens ordinaires était devenue “l’ultime forme de protestation” contre la politique du Kremlin. Bref, l’opération humiliation n’a pas réussi aussi bien que prévu.

Cette déprimante cérémonie montre aussi que le fossoyeur de l’URSS reste haï par une bonne partie de la population russe. Pourquoi, au fond ? Les nostalgiques du communisme et de l’Empire lui reprochent la fin de la stabilité sociale, la désagrégation de la Grande Russie et la disparition de leur pays natal. Mais à part la rancœur de l’homme rouge, je crois que le fond de la question est ailleurs. Gorbatchev a voulu réformer l’URSS, pas la faire disparaître. S’il a séduit l’Occident avec son sourire, il était moqué dans son pays pour ses allures d’apparatchik. Pour les uns, il n’était pas assez soviétique, et pour d’autres il l’était beaucoup trop. C’est lui qui a permis au public de découvrir les grandes œuvres jusqu’alors censurées – de Boulgakov à Soljenitsyne. Mais il en a refusé la suite logique : la remise en cause radicale du système. Comme Épiméthée, le frère du titan Prométhée qui offrit le feu aux hommes, il a favorisé l’ouverture de la boîte de Pandore et n’a alors plus rien contrôlé. D’ailleurs, en grec, Épiméthée signifie “celui qui réfléchit après coup”. Cette imprévoyance, cette irrésolution ont profondément angoissé de nombreux citoyens soviétiques. D’où le désaveu.

Contre ses convictions les plus profondes, Gorbatchev a pourtant libéré le pays de la dictature. Et le millier de personnes qui s’est rendu à ses obsèques l’a compris : remplacer un réformateur un peu trop hésitant par un chef de guerre résolu à aller jusqu’au bout de son aventure en Ukraine n’est pas nécessairement un si bon calcul. »

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