Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Un coq volant dans le marché aux poules de Wuhan, en Chine © Reuters

Frédéric Keck : “Nous n’avons pas l’imaginaire pour comprendre ce qui nous arrive”

Frédéric Keck, propos recueillis par Catherine Portevin publié le 21 mars 2020 9 min

L’anthropologue Frédéric Keck est à sa manière un pisteur de virus. Fort de son expérience en Asie, il observe les “maladies de la mondialisation”. Ces pandémies de grippe et de coronavirus racontent nos interdépendances troublées avec les animaux et dessinent un monde global qui doit apprendre à anticiper un avenir imprévisible.

Un coronavirus transmis d’une chauve-souris à un pangolin sur un marché de Wuhan, puis aux humains du monde entier : qu’est-ce que cela signifie selon vous ? 

Frédéric Keck : Nous sommes en train de changer de monde, et l’Europe saisie par le Covid-19 vient de s’en apercevoir. La Chine, et les pays qui sont ce que j’appelle « les sentinelles des pandémies » (Taïwan, Singapour…), l’ont compris depuis longtemps. Après l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère [Sras] – déjà un coronavirus – en 2003, les investissements ont été massifs dans la recherche virologique, les techniques de repérage, de dépistage et de surveillance des populations pour se préparer à un épisode de ce type. Les chercheurs chinois s’attendaient à un virus de chauve-souris qui cause une maladie respiratoire pandémique. S’il y a eu trois semaines de perdues en dysfonctionnements politiques entre fin décembre et mi-janvier, les autorités locales du Wuhan ont maîtrisé l’épidémie, ils ont fait tout ce qu’il fallait faire. De notre côté, nous n’avons rien voulu voir : nous regardions les Chinois se faire peur avec des maladies de chauves-souris, et nous sommes à présent désemparés. Nous n’avons ni l’équipement pour y faire face, ni surtout l’imaginaire pour comprendre ce qui nous arrive. Ayant été peu touchés par le Sras – une maladie beaucoup plus létale que le Covid-19 mais qui, s’étant moins répandue, a causé mondialement moins de morts –, nous n’avons pas compris le basculement du monde qu’il a provoqué. Et ce basculement tient au fait que la Chine a pris le contrôle des pandémies, sur son propre territoire mais aussi au niveau mondial, puisque la direction de l’Organisation mondiale de la santé [OMS] est depuis 2006 nommée avec le soutien de Pékin. La Chine entend s’imposer comme le leader en matière de gestion des catastrophes sanitaires. C’est ainsi qu’on en arrive à ce que l’Italie et la Slovénie se tournent vers la Chine plutôt que vers l’Europe pour gérer l’urgence. Par ailleurs, le nom même de la maladie rend notre compréhension confuse : la Chine a fait pression sur l’OMS pour éviter « Coronavirus de Wuhan », qui l’incriminait. Mais la dénomination finalement adoptée, « Covid-19 » (et non « Covid-20 »), associe bien à la Chine l’origine du virus puisqu’en décembre 2019, il venait d’être détecté sur un marché aux animaux de Wuhan. Le CDC américain [Centers for disease control and prevention, l’agence fédérale des « centres pour le contrôle et la prévention des maladies »] parle pour sa part de « Sras-Cov2 », rappelant ainsi que le coronavirus est proche du Sras, ce dont la Chine ne veut pas non plus, car le Sras évoque pour elle des souvenirs traumatiques. Il y avait déjà eu une bataille sémantique autour du Sras : l’OMS avait choisi cet acronyme pour éviter de dire « syndrome de Hongkong », tandis que les Chinois utilisaient cet acronyme en anglais pour au contraire insister sur son analogie avec le nom officiel de Hongkong (« Special administrative region of Hong Kong »). Ces batailles de noms nous échappent, et nous ne pouvons pas nommer la chose qui nous effraye et nous saisit.

Expresso : les parcours interactifs
Kant et le beau
​Peut-on détester une œuvre comme « La Joconde » ? Les goûts et les couleurs, est-ce que ça se discute ? À travers cet Expresso, partez à la découverte du beau et du jugement du goût avec Kant.

​
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
5 min
Chauves-souris : sauve qui peut !
Ariane Nicolas 02 avril 2021

La pandémie de Covid a mis en lumière le rôle que peuvent jouer les chauves-souris dans la transmission d’un virus. Bien que leur responsabilité…

Chauves-souris : sauve qui peut !

Article
8 min
Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”
Octave Larmagnac-Matheron 26 mars 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les virus envahissent les corps mais aussi les esprits. Mais que sont-ils vraiment ? Pour le…

Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”

Article
3 min
“Le suicide est évitable” selon l'OMS
Cédric Enjalbert 12 septembre 2014

Plus de 800 000 suicides recensés par an, soit un toutes les quarante secondes et vingt fois plus de tentatives : c'est le bilan d'un rapport…

“Le suicide est évitable” selon l'OMS

Article
3 min
L’anthropologie mobilisée contre le virus Ebola
Alexandre Lacroix 25 septembre 2014

Les rituels funéraires sont au cœur de la transmission de l’épidémie qui ravage Afrique de l’Ouest, où la raison médicale doit composer avec les…

L’anthropologie mobilisée contre le virus Ebola

Article
2 min
Hartmut Rosa. Trois leçons sur la crise du coronavirus
Octave Larmagnac-Matheron 28 avril 2020

Le ralentissement du monde n’est pas un fantasme. La politique peut contrôler l’économie. Nous avons la possibilité de changer de modèle social…

Hartmut Rosa. Trois leçons sur la crise du coronavirus

Article
3 min
Surveiller et contenir : Foucault à Wuhan
Octave Larmagnac-Matheron 07 février 2020

La réaction des autorités chinoises à l’épidémie de coronavirus partie de Wuhan ressemble aux quarantaines durant les grandes épidémies de peste…

Surveiller et contenir : Foucault à Wuhan

Article
2 min
Rousseau en quarantaine italienne
10 mars 2020

Alors que l’Italie affronte l’épidémie de coronavirus, le président du Conseil a annoncé des mesures de restrictions sur tout le territoire. Il…

Rousseau en quarantaine italienne

Article
3 min
Lévi-Strauss et l’anthropologie sociale
Frédéric Manzini 16 août 2023

Dans la conclusion de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 5 janvier 1960, Lévi-Strauss justifie la création tardive de la chaire d’anthropologie sociale et, se demandant si elle n’est pas une « séquelle du…


À Lire aussi
Frédéric Keck : “Pour Xi Jinping, le monde est voué à se recentrer autour de la Chine”
Frédéric Keck : “Pour Xi Jinping, le monde est voué à se recentrer autour de la Chine”
Par Samuel Lacroix
octobre 2022
Frédéric Pagès. Au bal démasqué
Par Alexandre Lacroix
octobre 2019
Romain Lucazeau : “Plutôt que d’imaginer l’avenir, la science-fiction s’adresse à nos peurs”
Romain Lucazeau : “Plutôt que d’imaginer l’avenir, la science-fiction s’adresse à nos peurs”
Par Nicolas Gastineau
octobre 2021
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Frédéric Keck : “Nous n’avons pas l’imaginaire pour comprendre ce qui nous arrive”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse