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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Série : les étudiants face à la pandémie

Eva Lapasin, 23 ans, en M2 de philosophie politique : “Le Covid nous force à nous poser des questions existentielles”

Eva Lapasin, propos recueillis par Hannah Attar publié le 15 février 2021 3 min

Isolement, ennui, manque d’accompagnement, détresse psychologique, difficultés économiques… Les étudiants sont frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Nous avons décidé de leur donner la parole pour faire entendre leurs souffrances, mais aussi leurs espérances et leurs conseils philosophiques pour affronter la pandémie.

Aujourd’hui, Eva Lapasin, 23 ans, étudiante en seconde année de master de philosophie politique à l’université Paris-Sorbonne. Pour elle, la crise sanitaire représente un civisme en acte, en particulier pour les étudiants qui doivent protéger les plus vulnérables. Mais les nombreuses concessions que cela implique invitent à engager des réflexions plus existentielles, qui interviennent à un âge crucial de transformation et de choix.

Le témoignage d’Eva Lapasin

« J’ai été saisie par l’annonce du confinement, et évidemment déçue de voir s’interrompre la vie universitaire, très importante dans notre année de master. Mais j’ai pris la situation très au sérieux, suivant, comme chacun, un confinement strict. La situation m’a fait d’abord penser au film Un jour sans fin : chaque jour recommence, on fait la même chose, dans le même espace. Avec le confinement, tout est devenu rituel, même le simple fait de se laver alors qu’on ne sort pas. Avec les cours à distance, les travaux étaient étalés, il n’y avait pas vraiment de rythme de travail, ce qui était assez frustrant. Je me suis donc mise à faire du sport chaque matin : un moyen de commencer et de finir une même chose dans la journée, et de parvenir à des achèvements.

Cette pandémie nous a amenés, en particulier en tant qu’étudiants, à nous confronter à des problèmes lourds, comme la maladie et la vieillesse, dont nous sommes d’habitude plutôt éloignés. Nous n’étions pas personnellement menacés par le virus, mais nous avons été amenés à penser aux plus vulnérables, en nous retenant de rendre visite à nos grands-parents, par exemple. Il y avait un devoir de les protéger, tout en prenant acte de leur grande vulnérabilité et ne sachant pas s’ils seraient là demain. La vieillesse fait partie de la condition humaine, mais elle s’est là montrée aux yeux de tous. Le grand isolement, la situation dans les Ehpad, ce sont les vieilles personnes qui les ont subis en premier. Le Covid a exacerbé et rendu visible ces problématiques.

Le deuxième confinement, bien que plus “lâche”, m’a semblé vraiment angoissant. Un certain “à quoi bon ?” s’est installé. La santé, ce n’est pas simplement la forme physique, mais aussi le bien-être mental. La question du bonheur s’est alors imposée, par contraste avec la santé. Cela vaut surtout pour les étudiants, qui restent confinés pour protéger les autres. Il y a la tentation de se dire : “Et après ?” Sans les relations sociales, qu’est-ce qu’il reste ? Nous sommes à un tournant dans nos vies. On commence à vivre seul, à avoir un emploi, on se responsabilise. Cette mutation, liée à l’âge et à la situation étudiante, a été exacerbée par le confinement. Et la superposition de questionnements existentiels nous a conduits à interroger ce qui nous rend heureux, à déterminer ce qui importe ou non. Nous sommes à un moment de choix fort, et le confinement a été à cet égard un grand révélateur, ce qui est plutôt une bonne chose. 

Mais l’on sent bien que cette période de mutation est autant individuelle que collective. À l’université, les professeurs se sont rendu compte que le moral des étudiants importait, et veulent changer les modes d’évaluations. Une institution comme l’Université, qui paraissait immuable et impartiale, a été amenée à se renouveler pour donner un sens nouveau à l’évaluation des compétences, sortant d’un certain mécanisme. Cette pandémie est l’expérience concrète d’un civisme en acte qui transforme notre vie quotidienne. Cela rend tangible le fait que des actions à notre portée, comme la distanciation sociale – mais aussi le vote –, ont un effet important sur le collectif. On a beaucoup utilisé la métaphore de la guerre pour parler de la pandémie, mais en lisant les Mémoires de Simone de Beauvoir, qui décrit l’Occupation, il m’a semblé que parler d’une mentalité d’équipe aurait été plus adapté. »

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