Entre le cœur et la raison, l’humanitaire balance
Faut-il voler au secours des victimes sans se poser de questions, ou doit-on respecter les procédures, quitte à perdre un temps précieux ? Témoignages d’Éric Breteau, ancien président de l’Arche de Zoé, qui a passé cinq mois dans les geôles tchadiennes, accusé de tentative d’enlèvement d’enfants, et de Jacques Hintzy, président d’Unicef France, qui préfère valoriser un travail réfléchi sur le long terme.
« Il faut foncer »
Éric Breteau : « Nous avons monté l’opération avec l’Arche de Zoé parce que ça palabrait depuis cinq ans aux assemblées générales des Nations unies. Pendant ce temps, les gens crevaient sur place. Quand un immeuble est en feu, vous commencez par faire sortir le plus de personnes possible. Vous vous poserez des questions plus tard. Quand le régime de Khartoum massacre un peuple et rétablit l’esclavage, il faut foncer. Au lieu de ça, les ONG demandaient au Soudan l’autorisation de mettre un pied dans le pays. Je n’aurais pas demandé au IIIe Reich l’autorisation de cacher des Juifs. Le relativisme moral n’entre pas en ligne de compte sur des questions aussi fondamentales que le droit à la vie et à la sécurité. Mais le secteur humanitaire a oublié ça. Il fait de l’aide au développement au lieu d’assister les victimes. Il sombre dans une réflexion politique, juridique et économique qui n’est pas de son ressort. Ses institutions se gèrent comme des administrations technocratiques. On appelle ça “la professionnalisation du système”. Exemple : en Indonésie, l’Unicef voulait protéger les enfants du trafic et de la prostitution. La première chose à faire, c’est d’acheter des ordinateurs pour répertorier et centraliser les données. Si je suis dans cette situation, je fonce au magasin du coin et j’en prends trois. Mais l’Unicef doit passer des appels d’offres. C’est la procédure. Résultat : elle perd un temps fou et, sur le terrain, les victimes ne voient pas l’ombre d’un humanitaire. À force de réfléchir, on est entré dans un système qui laisse les gens mourir. C’est flagrant, même en France : des supermarchés mettent de l’eau de Javel sur des produits qu’ils pourraient donner aux nécessiteux, des pêcheurs sont obligés de détruire du bon poisson parce qu’ils ne le vendent pas et n’ont pas le droit de le donner… Je trouve ça criminel. »
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