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Palais de l’Élysée (Paris), le 9 juin 2023. Un garde républicain s’évanouit derrière Emmanuel Macron et le président malgache Andry Rajoelina. © Xose Bouzas/Hans Lucas

Chose vue

Effondrement d’un garde républicain : qu’en aurait pensé Pascal ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 16 juin 2023 3 min

Un garde s’est effondré dans la cour de l’Élysée alors qu’Emmanuel Macron recevait Andry Rajoelina, le président de Madagascar. Plusieurs autres se sont évanouis au Royaume-Uni, en pleine fanfare militaire. En cause : la chaleur, exceptionnelle pour un mois de juin. Le réchauffement climatique est-il en train de faire exploser tous nos cérémoniels ? Éclairage avec Pascal.


 

  • Pourquoi ce double effondrement de soldats en habits cérémoniels sous le coup de la chaleur nous trouble-t-elle ? Pascal, dans ses Pensées, insiste tout particulièrement sur l’importance de ces cérémoniels, de ces mises en scènes, des ces décorums. À quoi servent-ils ? Essentiellement, à suppléer une insuffisance congénitale du pouvoir politique, incapable de se fonder, de se justifier entièrement. Le pouvoir a toujours quelque chose d’arbitraire. Il a besoin, pour asseoir son autorité, de recourir à une force spécifique, ô combien puissante : l’imagination. « Nos magistrats ont bien connu ce mystère. Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillotent en chaffourés, les palais où ils jugent, les fleurs de lys, tout cet appareil auguste était fort nécessaire, et si les médecins n’avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n’eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n’auraient dupé le monde qui ne peut résister à cette montre si authentique. S’ils avaient la véritable justice, et si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés. »
  • Le cérémoniel, ajoute encore Pascal, confère une aura de force, de puissance, de solidité à l’ordre politique et à ses représentants. Force d’autant plus grande que la mise en scène s’inscrit dans la temporalité de la répétition, du rituel, de l’habitude. De la coutume, dans le vocabulaire de Pascal : « La coutume de voir les rois accompagnés de gardes, de tambours, d’officiers et de toutes les choses qui ploient la machine vers le respect et la terreur […] imprime dans [les] sujets le respect et la terreur parce qu’on ne sépare point dans la pensée leur personne d’avec leur suite qu’on y voit d’ordinaire jointe. Et le monde qui ne sait pas que cet effet vient de cette coutume croit qu’il vient d’une force naturelle. »
  • C’est cette grande mascarade qui permet d’échapper au plus grands des maux, aux yeux de Pascal : la guerre civile. Les choses sont ainsi : pourquoi les remettre en question ? C’est précisément par la remise en question de cet ordre d’illusion que procède la sédition. « L’art de fronder, bouleverser les États est d’ébranler les coutumes établies en sondant jusque dans leur source pour marquer leur défaut d’autorité et de justice. » Mais à ce jeu-là, pour Pascal, il n’est pas de vainqueur : « C’est un jeu sûr pour tout perdre, rien ne sera juste à cette balance. » L’éclatement des cérémoniels ouvre une brèche qui menace de ne jamais se refermer une fois éventé le secret utile quoiqu’hypocrite de l’infondabilité du pouvoir.
  • Le réchauffement climatique joue en quelque sorte, désormais, le rôle d’une sédition non-humaine. Il fait éclater le décorum régulateur, qui se perpétue tant bien que mal dans une atmosphère d’étrangeté. Ni la fanfare britannique ni la réception du président Rajoelina n’ont été interrompues. Mais précisément : cette poursuite obstinée de la cérémonie révèle l’absurdité de celle-ci par contraste avec l’évidence de la détresse des soldats accablés de chaleur. La conjonction des deux événements en un temps très court souligne l’ampleur vitale d’une menace globale face à laquelle les États isolés et les apparats semblent bien impuissants. Peut-être est-ce une chance ? Certains y verront, à n’en pas douter, un ébranlement salutaire des mises en scène grâce auxquelles des pouvoirs politiques accusé d’inaction climatique peuvent, sans se remettre fondamentalement en question, continuer à garder la face, et à fermer les yeux sur un monde qui brûle.
  • S’annonce cependant, du même coup, une ère d’instabilité que nous pourrions avoir bien du mal à surmonter. La vie humaine et les coutumes démonstratives par lesquelles elle se discipline, s’ordonne, se régule, a besoin de temps et de stabilité. Cette stabilité est en grande partie en péril, à l’heure de l’urgence environnementale, soit un changement qui fait vaciller le sol même de nos existences.
Pourquoi l’État a-t-il besoin de cérémoniels (au risque qu’ils tournent mal) ?
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