Déprime post-lecture : pourquoi finir un livre nous rend triste
Il arrive souvent qu’après avoir refermé un livre, on se sente mélancolique, voire franchement triste. Pourquoi ce sentiment nous prend-il, y compris lorsque le roman finit bien ? Éléments de réponse en compagnie de Proust et Derrida.
« Je comprendrais quelqu’un qui dirait : “Je ne lis pas de romans parce que je suis trop ému en arrivant aux dernières pages”, ou “Je n’en lis plus parce que je suis incapable de les finir”, “Je suis trop triste quand approche la fin, que les personnages s’apprêtent à disparaitre à tout jamais”. Il existe sans doute des gens qui ne lisent pas, ou qui ont renoncé à lire, parce qu’ils sont trop sensibles, trop affectés par la fin des livres. » C’est par ces quelques mots que le critique littéraire Antoine Compagnon décrit, dans La Vie derrière soi (Équateurs, 2021), cet étrange sentiment du « post-book blues ».
L’imminence de la fin nous accable – et parfois nous terrasse. Refermer un livre, c’est sortir de cet autre monde qui, même dans ses versions les plus réalistes, demeure toujours un peu plus enchanté, un peu plus beau que le nôtre. Dans cet autre monde, nous sommes toujours de passage. Nous ne lui appartenons pas, nous n’y sommes pas impliqués. Nous le regardons avec une certaine distance qui ne supprime pas notre fascination mais, au contraire, l’exacerbe d’autant plus que tout lecteur sait qu’il faudra bien, au bout du compte, en ressortir. Alors, « le roman est fini, nous sommes revenus dans la triste réalité : comprenne qui pourra », lance allusivement Jorge Semprún dans L’Algarabie (Fayard, 1981).
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