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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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De l’air !

Comment se désintoxiquer de son “smartphone” ? 6 conseils de philosophes

Michel Eltchaninoff publié le 17 juillet 2023 5 min

Nous sommes beaucoup à en rêver, mais très peu à y arriver... Et si l’on allait puiser dans la philosophie pour trouver les solutions qui nous aideront à ne plus regarder notre smartphone toutes les deux minutes ?


Arrêter de surfer avec frénésie, avec Sénèque

Le téléphone est un objet qui sert à tout, c’est pour cela qu’on a tout le temps le nez dessus. Mais que nous nous en servions pour travailler, pour communiquer, pour chercher une information ou nous distraire, nous le faisons de manière hachée. Le stoïcien romain Sénèque (4 av. J.-C.-65) distingue ainsi les occupati, les gens agités jusque dans leurs divertissements, et les otiosi (du latin otium, loisir). Ceux-ci parviennent à reprendre le contrôle sur leur vie et à se dégager du sentiment d’urgence : « Tu trouveras, dans le repos et la sécurité, des œuvres à accomplir, plus importantes que celles auxquelles tu t’es livré jusqu’ici avec tant d’activité » (De la brièveté de la vie). Le premier pas consiste donc à ne faire que l’indispensable sur son téléphone, et à ne se distraire qu’en le mettant dans sa poche. Peu à peu, les activités de travail seront contaminées par le calme et la liberté d’esprit du loisir sans portable.

Prendre le temps de digérer ce qu’on apprend sur son mobile, avec Montaigne

Le contenu d’un téléphone est d’une richesse inépuisable. Comment s’en détacher alors qu’il nous apprend tellement ? En passant de plus en plus de temps à appliquer ce que nous y découvrons à notre vie intime. C’est ainsi que Michel de Montaigne (1533-1592) vivait entouré de livres — le smartphone de l’époque. Au début de ses Essais (1580), il les cite longuement. Mais peu à peu, en se demandant comment il peut incarner dans son existence telle maxime de Plutarque ou telle citation de Socrate, il passe insensiblement de l’information extérieure à l’introspection. Car « la plus grande chose du monde est de savoir être à soi », écrit-il, ingérer les informations extérieures pour en faire une partie de son être. Le conseil qu’il donnerait pour nous désintoxiquer de nos smartphones ? À chaque consultation, l’éteindre pour en étudier l’effet sur nous, digérer ce qu’il nous a appris, et le faire sien. Ne le rallumer qu’après.

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Se déconnecter pour un temps d’introspection, avec Descartes

À force de consulter son mobile pour un oui ou pour un non, on finit par avoir l’esprit en bouillie. Tant d’avis s’y rencontrent et s’y opposent. René Descartes (1596-1650) a fait la même expérience, au XVIIe siècle, avec tout ce qu’il a appris durant ses études. Alors, il se déconnecte. Il s’isole pour tenter de trouver en lui-même, comme il le raconte dans son Discours de la méthode (1637), des convictions inébranlables : « Je pris un jour résolution d’étudier aussi en moi-même, et d’employer toutes les forces de mon esprit à choisir les chemins que je devais suivre. » L’expérience est déstabilisante et, en attendant de découvrir la vérité en son for intérieur, il décide, comme une personne égarée dans une forêt, de « marcher toujours le plus droit » possible « vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons » – histoire de finir par en sortir. Rassurons-nous : cette déconnection radicale ne dure qu’un temps. Mais elle est indispensable pour se remettre les idées en place, ressortir son téléphone portable et s’en resservir de manière un peu plus raisonnée.

Retrouver la fierté d’être soi, avec La Rochefoucauld

Si nous sommes tous conscients du fait d’être, à des degrés plus ou moins marqués, dépendants des smartphones, nous avons aussi tendance à nous trouver des excuses pour ne pas nous en débarrasser. « Je te jure, il fallait vraiment que je réponde à ce mail à 23h pour l’organisation de l’EVJF », « J’ai passé 3 heures à regarder des vidéos sur les dangers des cumulonimbus quand on prend l’avion, c’est dément », etc. Et si nous étions un peu plus intraitables avec nous-mêmes et que nous reconnaissions qu’il est possible, aussi, de ne pas toujours céder ? « Nous nous faisons honneur des défauts opposés à ceux que nous avons : quand nous sommes faibles, nous nous vantons d’être opiniâtres », écrit François de La Rochefoucauld (1613-1680) dans ses Maximes (1665). Prenez donc le risque de répondre avec du retard aux sollicitations et de ne pas avoir réponse à tout en matière de risque météorologique : vous retrouverez une autre forme d’honneur et de fierté, celle de pouvoir dire : « J’ai réussi à me déconnecter. » De nos jours, elle n’a pas de prix !

Se ressourcer dans la nature, avec Thoreau

Rien de tel pour échapper à l’emprise des écrans que de partir se ressourcer au milieu de la nature. Et si vous louiez une cabane perdue au fond des bois pour quelques jours, en laissant votre téléphone à domicile ? Courage, c’est faisable ! Au milieu du XIXe siècle, le philosophe américain Henry David Thoreau (1817-1862) s’est installé dans un tel décor pendant près de trois ans, en plein Massachusetts, aux États-Unis. Certes, les nouvelles technologies n’existaient pas encore mais l’essor de la civilisation industrielle lui pesait déjà. Entouré de son potager, d’animaux sauvages venant lui rendre visite et d’un lac aux scintillements paradisiaques, il a pu trouver « la simplicité » d’une vie où il était « perpétuellement en alerte ». « La nature à chaque instant s’occupe de votre bien-être. Elle n’a pas d’autre fin. Ne lui résistez pas », écrit-il dans son Journal (1853). L’appel de la forêt, ou la redécouverte de notre part sauvage intérieure.

Réapprendre à se servir de ses dix doigts, avec Crawford

L’usage du smartphone mobilise nos deux mains, que ce soit pour tenir l’objet, écrire un message, cliquer ou encore balayer une image. Nos doigts sont monopolisés par la machine, accaparés par les fonctionnalités auxquelles elle donne accès. Si nous avons certes gagné des aptitudes avec les téléphones portables actuels (agilité, et dans un certain sens peut-être créativité…), nous en avons également perdu. Pour cuisiner ? On se fait livrer. Pour lire ? On appuie sur un bouton sans tourner les pages. Nous abandonnons une forme de prise directe sur le monde. Ce que dénonce Matthew Crawford dans son désormais célèbre Éloge du carburateur (2010). Lassé des boulots dits de « cols blancs », où il passait sa journée derrière un écran, il est devenu mécanicien. « Il y a des travaux manuels cognitivement très enrichissants et des jobs intellectuels complètement abrutissants », nous confiait-il dans un entretien. Retrouver l’usage de ses dix doigts, en contemplant le résultat concret de ses gestes, l’a puissamment ravi. Et si vous vous inscriviez à l’atelier réparation près de chez vous ?

 

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