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Boris Cyrulnik. © Vincent Muller/opale.photo

Vie de l’esprit

Boris Cyrulnik : “Notre cerveau se construit sous les pressions du réel et de l’imaginaire”

Boris Cyrulnik, propos recueillis par Charles Perragin publié le 27 septembre 2023 11 min

Dans son dernier ouvrage, Quarante voleurs en carence affective. Bagarres animales et guerres humaines (Odile Jacob, 2023), le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik explore les sources de la violence humaine, qu’il décèle dans le désert sensoriel chez l’enfant et l’adhésion à des récits collectif tout au long de notre vie. Une façon d’éclairer l’envers de la résilience.


 

Partons du titre du livre. L’amour peut-il régler la délinquance ?

Boris Cyrulnik : Faisons un détour. L’observation méthodique des êtres humains et des animaux peut déjà écarter quelques idées convenues. J’ai voulu rendre hommage au psychanalyste John Bowlby. En 1944, à une époque où l’on pensait que la violence était une tare héréditaire, il a mené un travail de terrain en comparant des enfants délinquants et non délinquants. Dans les entretiens, il a remarqué que les premiers étaient plus froids que les seconds. Presque tous les parents des deux cohortes souffraient de difficultés affectives et sociales, mais dans le groupe de quarante-quatre délinquants, dix-sept jeunes avaient subi une longue séparation sans substitut affectif au cours des premiers mois de leur existence. Alors qu’il n’y avait eu que deux isolements précoces dans le groupe des non-délinquants. Bowlby a interprété ce fait dans une optique psychanalytique : les enfants privés de leur mère, avides d’amour, se jettent sur les symboles maternels comme la nourriture ou les objets qui représentent l’amour maternel perdu qu’ils n’hésitent pas à dérober. Son interprétation n’était pas fausse mais il a fini par l’élargir. Le problème, c’est la carence affective de l’entourage, pas seulement l’absence de la mère.

“D’après le psychanalyste John Bowlby (1907-1990), la carence affective de l’entourage est l’une des sources fondamentales de la délinquance” Boris Cyrulnik

 

L’explosion du nombre d’orphelins après la guerre a dû bousculer les approches convenues.

L’observation a été longtemps haïe ! Surtout quand il s’agissait d’enfants. Lors d’un congrès aux Embiez en 1985, un grand nom de la psychanalyse m’a traité de médecin nazi parce que j’observais soi-disant les nouveau-nés comme le docteur Mengele… D’ailleurs l’histoire des idées est bien tortueuse. Nombre de psychanalystes ont combattu les observations directes sous prétexte qu’un comportement ne traduisait rien du monde intime. Mais Anna Freud elle-même menait des observations. Avec son amie Dorothy Burlingham, elles ont réquisitionné quelques belles maisons de Hampstead, dans la banlieue proche de Londres, et ont tenté d’y secourir quatre-vingts enfants pré-verbaux pour la plupart altérés par les bombardements et la perte de leurs parents. Il fallait donc se fier aux comportements des bébés pour essayer de les comprendre, d’étayer une sémiologie comportementale. Avec René Spitz, cela a donné ce merveilleux livre qu’est La Première Année de la vie de l’enfant (1958), où l’on trouve d’ailleurs beaucoup de références à l’éthologie animale.

 

Des références qui ne devaient pas être bien accueillies non plus…

L’homme devait être spirituel par nature et les animaux n’avaient rien à nous apprendre ! J’ai moi-même été souvent agressé pour avoir puisé dans l’éthologie animale, à l’instar de Lacan – fait largement dénié par ses disciples. Pourtant, lui a bien fréquenté la Tavistock Clinic à Londres où il a suivi les cours d’éthologie de Hinde. J’étais au lycée quand je lisais les travaux de Harlow. Ce primatologue démontrait qu’un petit singe privé de relations cessait de se développer. Ce bébé macaque parlait de moi, et la comparaison ne m’humiliait pas. Pourtant, la première fois que j’ai présenté ses travaux dans les années 1970, j’ai dû quitter la salle.

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